Z4 LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
flamands. La casa da India règle aussi bien le commerce d’ex-
portation que celui d’importation ; elle fixe le prix de vente
des marchandises européennes, que le facteur embarqué su!
le navire délivrera contre quittance à l’agent royal du port de
débarquement. Les Indes sont un débouché en même temps
qu'un pays producteur.
C’est pour les débouchés, autant que pour les épices, que
les Portugais et les Espagnols luttent de vitesse. C’est le
marché mondial qu’ils essaient de se partager en obtenant
des papes les bulles de marcation. Le traité de Tordesillas de
1494 divise en deux l’hémisphère occidental, l’Atlantique ;
par le traité de Saragosse, en 1529, les deux rivaux essaient de
réaliser la même opération, d’un pôle à l’autre, dans le Paci-
fique. Mais les autres puissances protestent. François I de-
mande à voir la clause du testament d’Adam qui l'aurait
exclu de l’universel héritage, et les Tudors ne sont pas plus
enclins à se laisser fermer les débouchés récemment ouverts.
Corsaires rochelais, olonnais, dieppois ou malouins, gens de
Bristol, de Plymouth ou de Londres, ils ne cherchent pas seu-
lement à conquérir les épices ou à cueillir au passage les ga-
lions qui s’en retournent chargés d’or. Lorsqu’en 1529 Jean
Parmentier arrive dans une rade de Sumatra, il cherche à
y vendre des pacotilles, miroirs, outils, verroteries. Dans un
mémoire de 1555, un capitaine qui prépare une expédition
pour le Congo ne manque pas d’énumérer les peuplades qui
préfèrent la quincaillerie, celles qui attendent la mercerie,
les bonnets, les chemises ou les draps rouges. Quant à John
Hawkins, lorsqu’il s’emploie à forcer le blocus portugais des
côtes de Guinée, il ne cherche pas seulement à ouvrir aux
marchandises anglaises le marché local, il veut y embarquer
des nègres et trouver à sa précieuse cargaison un autre débou-
ché, celui de l’Amérique espagnole. En dehors des produits
de l’industrie nationale, on veut vendre ceux qu’on s’est pro-
curés ‘par le commerce.
Mais il est un exemple plus saisissant : c’est celui de l’expé-
dition de Willoughby et Chamcellor pour découvrir, en
1553, la route du Catay par le Nord-Est. Lorsque les hardis
« marchands aventuriers » abordèrent à Arkhangel, lorsqu’ils
entrèrent en relations avec le terrible Ivan TV, lorsqu’un de
leurs émissaires descendit la Volga et réussit à pénétrer jus-