Full text: Les origines historiques des problèmes économiques actuels

LE CAPITALISME COMMERCIAL ET BANCAIRE 39 
Deux ans plus tard ils étaient mêlés, avec presque toute la 
bahque haut-allemande, à une opération politique d’égale 
envergure, l'élection impériale. Il s’agissait, en spéculant 
sur la vénalité des électeurs, de faire triompher celui des deux 
candidats qui avait le moins de fonds disponibles. Ce qui 
perdit François I”, ce fut précisément sa richesse, et la mala- 
dresse avec laquelle il envoya vers le Rhin des mulets chargés 
d’or. Cet or étourdit, sans l’assouvir, la grosse faim des élec- 
teurs : ils se retournèrent alors vêrs les banquiers qui avaient 
en main les lettres de change du roi de Castille et d’Aragon. 
Les archives nous ont conservé au moins un exemplaire de 
ces étonnantes lettres, souscrites à Saragosse, et payables 
« pourvu que soit élu comme roi des Romains Charles d’Fs- 
pagne ». 
Ce fut la première grande victoire du crédit sur le terrain 
international. Mais dès lors les couronnes d’Espagne, les do- 
Tnaines des ordres de chevalerie, les mines de mercure d’Al- 
maden, les trésors du Nouveau Monde étaient hypothéqués au 
profit des banquiers de l'Allemagne du Sud, et surtout des 
Fugger. Lorsque Charles-Quint se montrera mauvais payeur, 
lorsqu'il essaiera d’éteindre ses dettes en contractant des obli- 
gations nouvelles, le vieux Fugger pourra lui rappeler orgueil- 
leusement que, s’il l’avait voulu, l’Empire serait aux Valois 
et non pas aux Habsbourg. Aussi quand Philippe II recevra 
de ses théologiens l'autorisation de faire banqueroute, les 
faillites se multiplieront dans l'Allemagne du Sud, et la mai- 
son Fugger elle-même en sera ébranlée. Ce n’est pas de nos 
jours, on le voit, que des liens étroits et réciproques ont uni 
pour la première fois politique et haute finance. 
Ces appels incessants au crédit donnaient une importance 
hors ligne à certaines places, réservoirs de capitaux. Nous 
avons déjà vu le rôle joué par Anvers, où les gens du Midi, 
Portugais, Espagnols — parmi eux des Marrahes plus ou 
moins convertis, — Italiens, se rencontrent avec les gens 
d’Augsbourg et de Nuremberg, avec les Français, avec les 
Anglais vendeurs de Jaine et de drap. C’est pour eux qu’en 
1533 on crée la première grande Bourse, ouverte, dit l’ins- 
cription, « AUX commerçants de toute langue et de toute na- 
tions » et où les Gresham trouveront le modèle du Royal Ex- 
change de Londres. C'est là, que dès 1537 au moins, les
	        
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