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LES PROBLÈMES DU TRAVAIL
; À toute personne un peu familière avec les travaux récents,
il semble tout d’abord qu’on enfonce des portes ouvertes
quand on vient dire que les problèmes dont s'occupe le Bureau
international du travail ne sont pas aussi neufs, aussi inédits
qu’on le croyait généralement il y a quelque trente ans. Après
des études comme celles de sir William Ashley et George Un-
win en Angleterre, celles de M. Boissonnade, de M. Germain
Martin et les nôtres en France, après celles de nombreux au-
teurs allemands, il paraît impossible de soutenir que les rap-
Ports entre patrons et ouvriers ont conservé un caractère fa-
Tailial et en quelque mesure idyllique jusqu'à ia révolution
technique qui commença en Angleterre vers 1750 et la révolu-
tion politique et sociale qui se produisit en France à la fin du
xvm° siècle. On sait que cette idylle ne s’est réalisée, et en-
core, que dans quelques métiers très simples.
Cependant, toute la lumière n’est pas faite dans les esprits.
En cette matière surtout ils sont victimes de ce mirage que
nous appellerons le mirage contemporain. L'industrie mo-
derne est quelque chose de si formidable, et .qui s’est de notre
vivant développée si vite, les armées ouvrières ont atteint des
effectifs si démesurés, leur vie collective affecte si bien le ca-
ractère de mouvements de masse, ie patronat lui-même est si
bien devenu, en nombre de cas, Une force anonyme et plu-
rale, qu'entre les problèmes ouvriers du présent et ceux du
passé, même d’un passé pas très lointain, il semble d'abord
qu’il y ait une différence non de degré, mais de nature.
La patiente étude des textes confirme-t-elle cette impres-
sion?
Au vrai, si nous faisons abstraction des considérations nu-
mériques, par quoi se caractérisent aujourd’hui les relations
entre le patron et l’ouvrier? Par la mobilité de l’ouvrier. qui