RÉFLEXIONS SUR L HISTOIRE DES BANQUES TD
Mais là les historiens auraient besoin de la collaboration, non
seulement des spécialistes de l’art des comptes, mais des purs
mathématiciens.
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Comment, en l’élat actuel de nos connaissances, pouvons-
nous envisager le rôle des banques dans la vie publique, et
aussi dans la vie industrielle et commerciale durant l’époque
moderne?
Ce qui saute d’abord aux yeux, c’est l’étroitesse des rapports
de la banque avec l'Etat. I] he faut pas oublier, en effet, qu’au
Moyen âge, uhe des raisons qui avaient favorisé la croissance
des banques italiennes, c’est la nécessité où se trouvait la
Curie romaine de faire rentrer des taxes levées sur toutes les
Eglises de la chrétienté occidentale sans exposer les fonds aux
risques de la route à travers les Alpes, et aussi en déchargeant
ses bureaux des délicates opérations relatives au change des
monnaies (*). Dès ce moment aussi l’élément commercial se
joignait à l’élément politique : si les banquiers florentins s’en
allaient chercher jusqu’en Angleterre le denier de saint Pierre,
c’est qu’ils y trouvaient les matières réclamées par l’Arte della
lana: ; ils évitaient ainsi, non seulement les dangereux trans-
ferts d'argent, mais jusqu’aux paiements considérables en
espèces : une compensation élémentaire s’établissait entre la
créance politique de la Curie et la dette commerciale des dra-
piers de Florence.
C’est sur le terrain pontifical que nous voyons d’abord évo-
luer les banques de la Haute-Allemagne. Lorsque, dès le mi-
lieu du xv° siècle, nous rencontrons des Fugger à Rome, c’est
à titre de changeurs pontificaux, campsores romanam curiam
sequentes. Pour eux, comme pour leurs confrères toscans,
génois, etc, la Chambre apostolique était le centre des
affaires, mater pecuniarum. Ils finissent par accaparer ce fruc-
tueux service, non seulement pour les Allemagnes, mais pour
les pays scandinaves, slaves, hongrois. Lorsqu'ils participeut
à l’affaire du pallium de Mavence, lorsqu’ils chargent leur
(4) Voir Clemens Baurn, Die Epochen der Papsifinanz dans Hist. Zeit-
schrift. 1998. CXXXVIII. 3. p. 457-503