76 ‘LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
caissier de recueillir les fonds remis à l’éloquent Tetzel, ils
ne font rien de nouveau : dès le début du siècle, ils ont financé
des prédications d'indulgences. Ils ont en dépôt l'argent du
pape, des cardinaux. Ils ont livré au belliqueux Jules assez de
cuivre et d’étain pour qu’en 1510 celui-ci leur doive, de ce
fait, 10 000 ducats.
Métaux du Tirol, de la Bohême, de la Hongrie — qu'ils
exploitent seuls ou en commun avec les Thurzo, — telle est la
monnaie dont ils paient, à Venise, les cotons du Levant né-
cessaires à leurs métiers d’Augsbourg. Ces métaux. sont le
gage des emprunts qu’ils consentent aux Habsbourg, et qui
font d'eux les banquiers de la dynastie. L'astucieuse fille de
Maximilien, Marguerite, le grand homme de cette famille, le
sait bien (*). C’est en s’appuyant sur eux, tantôt en leur sus-
citant des concurrences pour faire monter leurs offres, tantôt
en les associant à d’autres banques allemandes et italiennes,
qu'elle a fait élire son neveu roi des Romains, comme son
père avait essayé d’obtenir la tiare. « La banque et l’élection
impériale » : c’est Michelet, aidé par les publications de Mone,
qui a, lui premier, quarante ans avant Ehrenberg, aperçu dans
un éclair de génie l’action de cette puissance dans cet événe-
ment.
Banques d’Augsbourg, de Nuremberg, d’Ulm, de Memmin-
gen, avec leurs filiales d’Anvers, de Séville, de Lisbonne, elles
étendent, au moins depuis l’avènement de la maison de Bour-
gogne en Castille, leur réseau sur la vie économique de la pé-
ninsule, comme sur celle des Pays-Bas. Elles financent, parfois
en se syndiquant avec des banques italiennes, les navigations
portugaises et le trafic des Indes ‘?). Comme elles ont permis
à Massimiliano pochi danari de livrer la série des batailles
magnifiées avec emphase par Dürer, Burgkmair et leurs
émules, ce sont elles qui ont négocié, agents du monopole de
S. M. Très Fidèle, le poivre et « l’ardent girofle », chantés
par Camoëns. On sait la lutte épique qui mit aux prises les
deux rois du mercure, deux banquiers, Ambroise Hôchstetter
et Jacob Fugger. et comment Charles-Ouint avait confié à la
(1) Voir Max BrucueT, Marguerite d'Autriche. Lille, 1927.
(2) FR. Hünmmenton, Die erste deutsche Handelsfahri nach Indien dans
Hist. Bibliothek. t XLIX. 1999.