8% LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
Cette petite révolution comptable, dont les conséquences
économiques furent incalculables, est contemporaine de l’as-
cension d’une puissance nouvelle, celle des Provinces-Unies,
et elle l’explique pour une grande part. « Les banques établies
en Hollande, écrira au milieu du xvrn° siècle l’un des conti-
nuateurs de Savary, ct la confiance qu’elles se sont acquise
ne sont pas sans doute une des moindres raisons de la répu-
tation et du succès de l’immense commerce que font les Hol-
landais, depuis plus d’un siècle, dans toutes les parties du
monde. »
Heureusement l’Amsierdamsche Wisselbank (à côté de ses
rivales de Middelbourg, de Delft, de Rotterdam) nous est au-
jourd’hui bien connue grâce aux admirables travaux de M. Van
DrimLen (*). Nombre et consistance des comptes courants et des
dépôts, variations de l'’encaisse métallique, tout le mouve-
ment de ce mécanisme. apparaît dans les diagrammes dressés
par cet érudit. Créée avec privilège des Etats généraux et de la
Ville, elle est d’abord un expédient pour sortir d’une dange-
reuse crise d’anarchie monétaire, pour réaliser un étalon
monétaire stable, le précieux bankgeld, l’argent banco qui
fora prime sur les espèces réelles. Elle devient, sur le modèle
vénitien, le caissier central el pratiquement obligatoire de
tout le commerce néerlandais. « C’est proprement, écrit l’autre
Jacques Savary, celui du Dictionnaire, une caisse perpétuelle
pour tous les négociants », et qui procure à chacun d’eux
l’économie d’un caissier particulier @).
Flle attire les dépôts des étrangers comme des Hollandais.
(*) Amsterdam als wereldmarlkt der edele melallen dans De Economist,
1923, et De Amsterdamsche Wisselbank dans Econ.-hist. Jaerboek, 1925,
résumés dans Amsterdam, marché mondial des métaux précieux au xvn®
et au xvm® siècle dans Revue historique, 1926, t. CLII, p. 194-201, et La
Banque d'Amsterdam dans Revue d'hist. moderne, mai-juin 1928, p. 161-
187. Voir aussi De Girobanken van Genua, Venetie en Hamburg dans
Tijdschrift voor Geschiedenis, t. XLIT, p. 33-58.
(2) Dès lors (1600) la théorie des banques de virement était donnée par
GÉRARD DE Mauynes, À treatise of the canker of England’s commion wealth,
cité par CUNNINGHAM, Growth.…., t. [, p. 149 de l'édit. de 1903 : « Une
banque est propremont une collection de tout l’argent disponible d’une
province, cité ou république, entre les mains de quelques personnes pri-
vilégiées et établies par autorité publique... de sorte que ces personnes
ou banquiers deviennent... les serviteurs et caissiers généraux de cette
province, cité ou république ». Cent cinquante ans plus tard, après Ia
publication du Parfait négociant de Jacques Savary, le Dictionnaire de
Jacques II Savary, au mot Banques. énumérera et caractérisera les prin-
rinpanx de ces étahlissements