841 LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
désastres de la fin, de nourrir ses peuples et de terminer son
règne en beauté, par une dernière victoire ("). Car la banque
ast avant tout au service de l'Etat.
C’est le cas en Angleterre, comme en France. Lorsqu’après
bien des tentatives avortées apparaît, en 1694 seulement, le
nom, destiné à un si glorieux retentissement, de Bank of En-
gland, c’est d’abord dans un Tonnage Act, comme un moyen
désespéré, imaginé par les whigs, de parer à la pénurie du
Trésor, de permelitre la continuation de la guerre contre la
France ). C’est presque un hasard si la Banque d’Angleterre,
à côté du certificat de dépôt que n’avait pas dépassé celle
d’Amsterdam, inaugure le vrai billet de banque ou plutôt
prend à son compte la pratique des goldsmiths notes, prépa-
lant ainsi une révolution nouvelle.
En France, c’est aussi de la ruine du Trésor, du chaos des
billets de la Caisse des emprunts, des billets royaux, des
billets de monnaie que sortent les premiers projets de banque
générale sur le modèle d'Amsterdam, projets de 1705, Banque
du dépôt public de 1708, projets de 1709, Quelque jugement
sévère que des économistes modernes, déjà oublieux des leçons
de la dernière guerre, portent sur John Law, il convient de
dire. comme on l’écrivait hier : « Law venait à son henre » ‘3).
(1) Voir Saewac, Le crédit de l’État et les banquiers à la fin du xvne et
au commencement du xvm° siècle dans Rev. d’hist. moderne, 1908; Grn-
MAIN MarTIN, La monnaie et le crédit privé en France aux xvi® et xvuré
siècles, 1550-1664 dans Revue d’hist. des doctrines économiques et sociales,
1909, n° 1; GERMAIN MARTIN et Mancer Brzançon, L'histoire du crédit en
France sous le règne de Louis XIV, I. Le crédit public. Paris, 1913. Les
auteurs écrivent (p. 115) : « Une époque où la plupart des règlements se
laisaient en argent et non en valeurs commerciales », impression toute
sontreire à celle que donnent les dneuments cités dans notre présent
article ; Aumanp SÉLIGMANN, La première tentative d’émission fiduciaire en
Trance. Étude sur les billets de monnaie du trésor royal à la fin du
règne de Louis NIV. Paris, 1925 ; l’auleur-a gravement confondu les
billets royaux et Jes billets de monnaie.
(2) An act for granting to their Mtes several rates and duties upon
fonnage.…, and upon beer, ale, etc., for securing certain rccompenses…
to such persons as shall volantarily advance the sum of filleen hundred
ihousand pounds, towards the carrving of the war againsl France. Voir
Eve. Pririproviren, Die Bank von England im Dienste der Finanzverwal-
tung des Slaates. Vienne, 1885, et, en anglais, Washington, 1911 ; RocErs,
The first nine years of the Bank of England, 1887 ; STwrrnzrenen, Studien
über die Entroicklung des englischen Kredits, 1669-1714 dans Finanz-
Archiv, 1927. Le livre bien connu d’Andréadès passe Lrès rapidement sur
la période antérieure au xix® siècle.
(#) Expression de M. Séligmann. Nous ne donnemns pas ici même un
apercu bibliogranhique du svstème. Rappelons seulement les travaux tont