96 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
Renaissance limitée de la production agricole en Occi-
dent. La reconstitution partielle des populations. — Une
autre preuve de cette renaissance relative et éphémère
est la reconstitution partielle des populations de l’Occi-
dent chrétien entre te vrr° siècle et le xe siècle. Peu à
peu, les races avaient fusionné ; Celtes et Anglo-Saxons,
Germains, Gallo-Romains, Visigoths et Ibéro-Latins,
Lombards et Italiens s’étaient méêlés ensemble. L’élément
germanique avait même été facilement absorbé dans la
plus grande partie de l’Occident, notamment en Gaule,
sn Espagne et en Italie. Des courants d’émigration et des
translations de peuples avaient transformé certaines
régions, telles que l’'Armorique, les pays rhénans et saxons.
En dépit des fléaux qui sévissaient encore à des intervalles
an peu moins fréquents, malgré les épidémies, les disettes,
malgré une natalité peu élevée et une nuptialité médiocre,
la population de l’Europe occidentale se reformait peu à
peu. En Irlande, elle-est assez abondante pour aider par
l’émigration au peuplement de la Calédonie et de la Bre-
tagne occidentale française. Si dans l’Angleterre la popu-
lation n’atteint encore au xI° siècle (abstraction faite des
quatre comtés du Nord) que 1.500.000 âmes, dans l’Alle-
magne le peuplement a si bien prospéré qu’au x° siècle,
entre le Rhin et la Meuse, le nombre des villages a triplé.
On à pu évaluer la population de la Gaule au temps de
Charlemagne entre 8 et 9 millions d’âmes. Dans l’Italie
lombarde du vIr1° siècle, la paix, au dire de Paul Diacre,
à fait multiplier « les peuples à la manière des moissons ».
Ainsi a été possible cette première colonisation agricole
de l’Occident qui est en quelque sorte l’ébauche du gran-
diose mouvement du xI12 et du XII siècle.