Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

LE MONDE BARBARE 
2 
disparu que dans une faible mesure à l’époque du Bas 
Empire. 
Partout, la vie sociale s’était épanouie et s’épanonissait 
encore au IV® siècle, surtout dans lie cadre urbain. Des cen- 
taines de villes vivaient d’une vie facile et douce avec 
leur parure de palais, de places publiques, de cirques, de 
théâtres, de temples, de thermes, de bourses de commerce 
ou basiliques, avec leurs balnéaires et leurs aqueducs, 
Elles s’étaient munies depuis le 111° siècle d’enceintes 
fortifiées, garnies de tours. Rien n’égalait la magnificence 
des capitales, Byzance, Rome, Milan, Thessalonique, 
Trèves, Arles, où se déployaient toutes les splendeurs du 
luxe et de la civilisation. Les campagnes étaient parsemées 
de bourgs (vici) de petits propriétaires libres, et d’habita- 
tions élégantes (prætoria) moitié maisons de plaisance, 
moitié châteaux forts, où demeuraient à la belle saison 
les grands propriétaires, au milieu de leurs vastes domaines 
(villæ). Plus de trente millions d’hommes, malgré la crise 
de dépopulation qui sévissait depuis cent cinquante ans, 
peuplaient en Europe l’Empire, objet d’envie pour les Bar- 
bares qui l’entouraient. Bien que la structure de la société 
romaine fut demeurée aristocratique, les hautes classes ne 
formaient pas des castes fermées ; tout citoyen poùvait 
s’élever par le mérite, la fortune, l’exercice des fonctions 
publiques jusqu’aux premiers rangs. L'existence d’une 
bourgeoisie encore nombreuse de petits propriétaires 
fonciers, de marchands et d’artisans, qu’on nommait les 
honorés (medioeres, honorati), servait à maintenir une sorte 
d’équilibre -social, auquel s’efforçait de veiller le pouvoir 
central, en regard de Ia noblesse des grands propriétaires 
(possessores, potentes) et des hauts fonctionnaires. Dans les 
villes et dans les campagnes, se maintenait le travail libre 
des artisans, des fermiers perpétuels, des journaliers, à 
côté du travail à demi servile auquel se livraient les 
ouvriers des manufactures de l’État et les colons des grands 
domaines. L’artisanat indépendant et ses corporations
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.