144 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
féodalité, endigua les dernières invasions. Au x® siècle,
les Scandinaves se convertirent au christianisme et fon-
dèrent des établissements stables en Frise, au nord de
l’Écosse et de l’Angleterre, aux Pays-Bas et en Neustrie
(911), où ils devinrent les champions de la civilisation
chrétienne. Les Magyars, arrêtés dans leurs courses par
les Ottonides (935-955), fondèrent en. Hongrie un royaume
chrétien. Les Sarrasins furent refoulés dans les îles. Vers 950,
le nouveau péril était conjuré. Presque Partout, sauf dans
l’Irlande et. l’Écosse qui retournèrent à la barbarie, la
civilisation nouvelle, née en Occident, fut sauvéé et l’ère
féodale commença.
Il avait fallu un immense effort de six siècles pour élabo-
rer la nouvelle société. La chute de l’empire romain sem-
blait avoir eu pour résultat un désastre irréparable, qui
avait ramené l’humanité aux pires époques de son histoire,
ruiné la production sous toutes ses formes, restauré l’es-
lavage, substitué l’anarchie à l’ordre, la misère à la
richesse, livré le monde à la force brutale de la barbarie.
Mais, par bonheur, l’Empire byzantin avait pu enrayer
en Orient ce travail de régression et de destruction. II
avait montré, que sans les invasions, une évolution nor-
male eût été possible, et que des institutions romaines
aurait pu sortir un ordre de choses nouveau, issu de la
culture antique elle-même. Le premier, il avait su cana-
liser et arrêter le mouvement des invasions et il maintint
intact pendant huit siècles l’État puissant où se conserva
la brillante civilisation, dont il avait regu et accru le dépôt.
H avait comblé par la colonisation les vides créés par les
irruptions des Barbares dans la population de l'empire. Il
avait remis en culture les terres ; il avait restauré la produe-
tion agricole. Il avait, sinon réussi à empêcher la croissance
de l’aristocratie et de la grande propriété, du moins sau-
vegardé les prérogatives du pouvoir central et protégé
la petite propriété. Il avait su en partie maintenir la classe
moyenne des petits propriétaires fonciers et dans les villes