198 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
croyait en droit de pratiquer à l’encontre du seigneur
ennemi, dont le marchand était le sujet. Il n’y avait, ni
sur terre, ni sur mer, sécurité pour une profession, dont les
membres étaient par nécessité de vrais coureurs d’aven-
bures, que l’appât du gain poussait seul à persévérer dans
leur dangereuse carrière.
La renaissance du commerce ; ses causes. — Le com-
merce fut tiré à la fin du x1C siècle de cette atmos-
phère hostile par un ensemble de circonstances favo-
rables. Un grand mouvement d’expansion, provoqué par
l’Église en vue de la défense de la chrétienté contre les
musulmans et de la diffusion de la foi chrétienne parmi
les païens, arracha pendant deux cent cinquante ans
l’Oeccident à son isolement primitif. Au nord et à l’est de
l’Europe, s'ouvrent aux échanges les nouvelles provinces
de cet empire chrétien universel, dont la Papauté pour-
suit l’organisation : Scandinavie, Hongrie, Bohême, Pologne,
pays baltiques. Au Sud et au Sud-Est des chrétientés,
surgissent dans les pays musulmans, en Espagne, en
Portugal, en Sicile, en Syrie, et le commerce y suit
les armes des Croisés. De grands pèlerinages entraînent
en France, en Espagne, en Italie, en Orient, la foule des
fidèles qu’accompagnent les marchands. Non seulement
des champs nouveaux d’activité sont ouverts dans les
pays d’Occident, riverains des mers septentrionales, mais
encore la Méditerranée redevient le grand chemin des
échanges, entre les pays neufs de l’Europe occidentale et
les vieux pays, foyers de richesse et de civilisation, compris
dans les empires arabes et dans l’empire byzantin. Le
monde féodal, bouillonnant de l’ardente sève de la jeunesse,
s’élance de tous côtés à la recherche d’établissements
nouveaux, où tous, nobles, clercs, paysans, marchands,
espèrent trouver la fortune. L'essor des échanges est dès
lors stimulée. Tout le favorise : la protection des États
féodaux et des États monarchiques intéressés à accroître