L’ESSOR DU COMMERCE
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leurs ressources ; la formation des républiques urbaines,
dont la prospérité est liée au progrès du commerce ; le
développement de la production agricole et de la produe-
tion industrielle, qui fournissent au trafic des éléments
grandissants d’activité ; la création de nouveaux marchés
et de grandes foires ; la transformation même de la vie
sociale qui suscite de nouveaux besoins de bien-être ou de
luxe. La vie commerciale s’épanouit avec une force qu’elle
n'avait pas connue jusque-là et qui dépasse même celle
des plus belles périodes de l’antiquité, où le commerce
avait un chanïp d’action moins vaste.
L'organisation commerciale ; les formes du commerce. —
L'économie nouvelle a maintenant ses organes spéciaux.
Elle provoque la naissance de classes distinctes et de
formes d’organisation variées. Au-dessus du petit produe-
teur paysan et de l'artisan local, qui continuèrent à vendre
directement au consommateur, apparaît le négociant de
profession (negotiator, mercator), l'intermédiaire, dont la
fonction essentielle consiste dans l’achat et la revente des
produits. Originairement, dans cette classe, se confondent
les grands marchands et les entrepreneurs de transports,
aussi bien que les colporteurs et les petits revendeurs.
Elle est formée d’éléments disparates, souvent troubles,
qui résident de préférence dans les faubourgs des villes et
aux points de passage des voies terrestres et fluviales, où
ils sont pourvus d’un droit spécial (jus mercatorum) qui
les protège. Bientôt, elle se renforce des capitalistes et des
manieurs d’argent des centres urbains.
Des distinctions y apparaissent, nées de l’inégalité des
fortunes et de la division du travail. La majeure part des
marchands se fixe à demeure. Le petit commerce urbain se
développe et se distingue du grand commerce national ou
international, réservé à une élite, et du trafic des colpor-
teurs, exercé par des nomades. Le premier a pour centres, la
ville, la banlieue et la région, et pour foyers le marché quo-