L’ESSOR DU COMMERCE 205
du commerce et de l’industrie amenèrent le développement
du prêt à la production, dans lequel les capitaux avancés
servent aux emprunteurs pour l'accroissement de leurs
affaires et de leurs bénéfices. Il devenait dès lors difficile de
maintenir la rigidité des anciennes règles. On les éluda de
toutes manières, en dissimulant dans les contrats la percep-
tion des intérêts par l’énonciation de capitaux fictivement
majorés ou de compensations de tout ordre, notamment
pour les retards apportés au remboursement.
Les canonistes eux-mêmes, continuant à prohiber comme
usure l’intérêt des prêts à usage et à la consommation qu’il
devenait malaisé de distinguer des autres, admirent, avec
saint Bonaventure et Innocent LV, la légitimité de la rému-
nération des capitaux engagés dans les entreprises commer-
ciales et industrielles, quand il y avait des risques à courir
(damnum emergens) Où privation temporaire dans la jouis-
sance de ces capitaux (manque à gagner, lucrum cessans).
On vit au xur°® siècle les papes prendre sous leur protee-
tion les banquiers italiens, les placer sous la sauvegarde
des tribunaux ecclésiastiques, forcer leurs débiteurs
au remboursement des emprunts, sous la menace des
censures spirituelles, en même temps qu’ils faisaient la
chasse aux usuriers. Le temps approchait où les juristes
laïques, au xIV° siècle, allaient proclamer, avec Balde, la
légitimité des contrats et plus tard celle de tous les prêts à
intérêt.
En attendant, pour éluder les foudres ecelésiastiques
ou les lenteurs de la procédure des tribunaux religieux, le
crédit prenait de nouvelles formes, plus adaptées aux besoins
du commerce, telles que les ventes à réméré, sous réserve
d'achat et sous caution, les avances consenties moyennant
des rentes viagères ou rachetables, les emprunts sur hypo-
thèques et spécialement les prêts en commandité, les
prêts sur dépôt de numéraire ou en banque, le prêt à la
grosse aventure, ce dernier usité dans les entreprises du
commerce maritime. Dans les grands pays commerçants,