14 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
connaissait ni partages, ni dots, mais seulement des parts
réparties entre les enfants mâles ‘et les ménages. Les
seules formes connues de propriétés privées ou indivi-
duelles se restreignaient à la possession d’armes, de têtes
de bétail, d’objets d’alimentation, de mobilier, ou d’une
maison de bois avee son petit enclos.
Le régime économique qui correspondait à ce système
social n’était autre que celui de l’économie naturelle. Les
Germains ne savaient guère que recueillir les produits
qu’ils obtenaient sans travail ou qu’exploiter le sol suivant
les méthodes les plus rudimentaires de la culture exten-
sive. Sous un ciel âpre, aux prises avec un climat humide
et froid, ils vivaient en grande partie dans l’étatdesimplicité
des peuples pêcheurs, chasseurs et pasteurs. Sur le littoral de
leurs mers inhospitalières, aumilieu destourbières et des ma-
rais, sur les plages stériles de boue, inondées par les fleuves
débordants ou bouléversés par les flots furieux, sous les
averses continues, dans le brouillard impénétrable, les
tribus des Jutes, des Angles, des Frisons et des Saxons
tiraient leurs moyens d’existence de la capture du poisson
ou de la chasse à l’homme, et bravant l’embrun dans leurs
vêtements de peaux de phoque, lançaient leurs barques
de cuir où leurs longues embarcations de sapin sur les
étendues marines. Ailleurs, à l’intérieur s’étendaient des
landes couvertes de bruyères ou la sylve immense qui
déroulait son épais manteau de chênes, de sapins et de
hêtres sur les quatre cinquièmes du sol. Semblable aux
forêts vierges de l’Amérique du Nord, elle était traversée
par des fleuves lents qui charriaient les troncs, peuplée
d’animaux sauvages, parcourue par les chasseurs et les
chercheurs d’abeilles. Les bergers y menaient paître dans
les clairières ou sous le couvert des bois leurs troupeaux
de pores. L’élevage pratiqué dans les pacages, les prairies
ou sur la lisière forestière était la principale ressource des
Germains, qui possédaient surtout des troupeaux de che-
vaux, de bôtes à cornes, de moutons et de chèvres. Leur