272 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
des masses laborieuses le complément naturel et légitime
de l’effort qu’elles avaient déployé pour s’organiser et
de la part qu’elles avaient prise à la prospérité de l’éco-
nomie urbainé.
La condition matérielle des masses commerçantes et
industrielles. Le travail et les salaires. — L’émaneipation
les classes commerçantes et industrielles, ainsi que leur
participation croissante à la vie publique, relevèrent
singulièrement leur condition. Maître de sa personne et
de son activité, le travailleur urbain, patron ou ouvrier,
put déployer son initiative et exercer son énergie dans la
direction qui lui convint. -AÀ l’abri tutélaire du métier
libre, de la corporation jurée, des règlements de la com-
mune, il conquit à la fois la liberté et la sécurité du tra-
vail. Il en recueillit la plupart des fruits. Une minorité
seulement, celle des ouvriers salariés de la grande indus-
trie naissante, se trouva privée des bienfaits de cette
organisation. En Flandre, en Toscane, dans la France
du Nord, partout où les grands entrepreneurs devinrent
les distributeurs et les régulateurs du travail, ils sou-
mirent les compagnons et les petits patrons qu’ils em-
ployaient à la loi d’airain du salariat Leur distribuant
à leur gré les commandes, les matières premières, seuls
acheteurs et seuls. vendeurs des produits fabriqués, ils
imposèrent aux maîtres comme aux ouvriers, des condi-
tions arbitraires et des règlements tyranniques. Par un
système d’avances savamment calculé, il les amenèrent à
s’endetter, pour mieux les tenir dans leur dépendance ;
ils ne leur accordèrent que des salaires de famine, parfois
même payés en nature, d’après des évaluations arbitraires
[truck system). :
Les salariés de la grande industrie formèrent en Occi-
Jent une catégorie heureusement peu nombreuse de pro-
létaires. La grande masse des travailleurs trouva dans
la petite industrie, dans le métier et l’artisanat organisés,