LA RENAISSANCE AGRICOLE
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tions de l’Espagne et de la péninsule italienne, repre-
nant les procédés de l’hydraulique romaine et imitant
celle des Arabes, tirèrent de l'irrigation de merveilleux
profits, en Cerdagne, en Roussillon, en Catalogne, en
Aragon, en Castille, dans les Baléares, dans le pays de
Valence, le royaume de Murcie et l’Andalousie, de même,
que dans la plaine lombarde, la Toscane et la Sicile. Les
plus remarquables de ces travaux furent les barrages et
les réservoirs de l'Espagne orientale et le célèbre Naviglio
Grande lombard, construit de 1179 à 1257. Celui-ci amena
les eaux du lac Majeur sur 35.000 hectares et il fertilisa
les pays de l’Oglio, de l’Adda et du Pô.
L'œuvre des défrichements en Occident. — Des résul-
tats plus considérables encore furent obtenus par le
magnifique et obstiné travail de défrichement, qui s’ac-
complit dans tout l'Occident, pendant trois siècles et
demi, aux dépens des landes et ‘des forêts. À aucune
époque, la conquête du sol agricole n’a été conduite avec
autant de discipline et d’ardeur. Alléchés par l’appât de
la liberté et de la propriété, des milliers de pionniers,
répondant à l’appel des moines, des prélats, des princes,
des seigneurs et des communes, viennent préparer le tra-
vail de la charrue et de la houe, en supprimant par le feu
(l’écobuage), les broussailles, les fourrés et la végétation
parasites, en éclaircissant la forêt par la hache, en extir-
pant les troncs au moyen du pie (procédé de l’essartage).
L'aspect de l’Occident changea. L'Allemagne en particu-
lier fut transformée. Dans ses immenses forêts, à travers
certaines desquelles un missionnaire au XI° siècle pouvait
cheminer cinq jours de suite au milieu des solitudes, les
pionniers pratiquèrent des clairières (roden), des essarts
(schwenden), établirent de grandes fermes le long des
routes ou sur la lisière des bois (waldhujen), comme en
Autriche, en Silésie, et en Moravie, ou encore comme dans
la plaine du Nord, et sur les plateaux du Sud, des bourgs