344 L’APOGÉE DU TRAVAIL MÉDIÉVAL
pesant d’une protection chèrement achetée, l’aurore d’une
renaissance avait lui sur la chrétienté sortie de son iso-
lement.
Le grand courant des échanges s’était reconstitué,
plus ample même qu’autrefois. Le commerce, prenant
un essor prodigieux, avait suscité la naissance de l’éco-
nomie d’argent, la transformation de l’industrie, la for-
mation de la bourgeoisie et du régime urbain. Les elasses
commerçantes et industrielles avaient conquis pour la
première fois dans leur ensemble la liberté et même les
privilèges. Pour la première fois, les masses laborieuses
s’étaient créé dans la société une place digne de leur
valeur sociale et de leur rôle économique. Elles étaient
devenues de véritables puissances qui s’affirmèrent dans
les associations. Elles étaient parvenues à un degré d’in-
dépendance et de bien-être inconnu jusque-là. Par contre-
coup, il avait fallu mettre en valeur le sol, et à l’œuvre
grandiose de la renaissance industrielle et commerciale,
accompagnée de l’émancipation des populations urbaines,
avait répondu ce travail magnifique de la colonisation agri-
cole et de la libération des classes rurales, qui changea la
face de l’Europe.
La production de la richesse accrue, avait permis de
multiplier les établissements humains. L'Europe chré-
tienne, au commencement du x1v® siècle, avait été si
bien rénovée, que ses peuples croissaient et multipliaient,
que partout se fondaient villes et villages, et que le peu-
plement, double. de celui auquel étaient parvenues les pro-
vinces européennes de l'empire romain, avait atteint
60 à 70 millions d’âÂmes. Jamais, dans l’histoire du travail,
des résultats d’une portée aussi grande n’avaient été
obtenus par l’effort de l'homme. On vit alors ce spectacle,
que les millénaires antérieurs n’avaient même pas soup-
çonné, de multitudes humaines émancipées, qui jouirent
des droits de l’homme, qui respirèrent l’air nouveau pour
elles de la liberté, qui trempèrent leurs énergies par la.