350 LA FIN DU MOYEN AGE
par des mesures de taxation et de coercition contre
Pexode et les exigences des salariés agricoles. Ils favori-
sent en même temps l’émancipation des serfs, par exemple
en Espagne, et ils ont fait presque partout des efforts
méritoires pour ‘empêcher la restauration du servage.
Partout, la législation monarchique a interdit la saisie
des instruments aratoires et des animaux de labour,
parfois même celle des semences et des provisions néces-
saires à la subsistance du paysan. Souvent, elle à accordé
aux cCultivateurs des exemptions fiscales temporaires,
destinées à encourager leurs efforts. L’Etat monarchique
essaie d’établir en faveur des masses rurales une tutelle
qui les préserve des excès de ses propres agents et surtout
de ceux des anciens pouvoirs féodaux. Charles V le Sage,
en France, va jusqu’à permettre au paysan de recevoir à
coups de fourche les officiers royaux qui voudront exercer
sans payer le droit de réquisition des véhicules et des four-
rages. Charles IV en Bohême invite, sous la garantie de sa
protection, tous les vilains lésés par les exactions seigneu-
riales, à porter plainte devant lui. La royauté a commencé
à exercer son contrôle sur les péages et les corvées abu-
sives. Elle permet aux habitants des campagnes de
revendiquer contre les seigneurs les communaux usurpés
et de recourir à la justice royale contre les abus de la féo-
lalité. Toutefois, elle a soin de maintenir les prérogatives
æsséntielles des classes sociales privilégiées. Sa politique
économique n’a rien de révolutionnaire. Elle est même le
plus souvent timide et hésitante, tellement elle est pré-
occupée de maintenir une sorte d’équilibre instable
entre les diverses classes des sujets, entre l’esprit de
tradition et l’esprit de progrès.
Ces principes dirigent aussi l’économie nationale nais-
sante dans le domaine de l’activité industrielle et com-
merciale. Accroître les ressources de l’État, en augmentant
la production des ateliers et la circulation des produits,
maintenir l’autorité du pouvoir central sur les classes mar-