LES CRISES DU DERNIER SIÈCLE MÉDIÉVAL 351
chandes et ouvrières, tout en secondant leurs efforts et en
les dotant de privilèges, tels sont les mobiles qui inspirent
les souverains. Dans la plupart des États, les princes
prennent l’initiative de la réorganisation des industries ou
de leur création. Ils secondent Pexploitation des richesses
minérales, l’installation d'établissements métallurgiques.
Ils appellent du debors des entrepreneurs ou des ouvriers,
pour acclimater de nouvelles spécialités industrielles, telles
que les soieries en France, la draperie fine en Angleterre,
la fabrication des tissus mélangés, laine et soie, en Italie.
Sous leur protection s’organisent les verreries et les ateliers
de céramique, surtout les ‘industries de luxe et d’art, à
l'égard desquelles ils pratiquent un intelligent mécénat,
notamment dans les États italiens, en France, aux Pays-
Bas, en Bohême. Sans enlever entièrement aux anciens
pouvoirs, et spécialement aux villes, le contrôle du travail,
l’État monarchique subordonne de plus en plus à son
autorisation la concession des statuts des métiers et la
promulgation des règlements économiques. Tantôt, pour
enrayer les abus des monopoles corporatifs, il décrète la
liberté des professions et autorise tout artisan capable à
s'établir pour « faire œuvre ou marchandise loyale », ainsi
que s’expriment Jean le Bon dans l’ordonnance de 1351 et
Richard II d’Angleterre dans celle de 1394 ; tantôt, au
contraire, après les périodes de crise, il provoque et encou-
rage la formation des corporations privilégiées, en vue de
favoriser la reprise du travail.
Il commence même à s’arroger le droit d’autoriser,
en vertu de lettres royales de maîtrise, les artisans
à travailler en toute indépendance, en dehors du
cadre corporatif. Il soumet l’ensemble des classes
ouvrières, des métiers libres et des corporations jurées à
son contrôle, règle leur organisation et leur discipline,
surveille leur administration et leur police; leur impose at
besoin des chefs, les astreint à des Obligations fiscales et
militaires. Représentant de l’intérêt général, il astreint