ÉVOLUTION DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE 391
qui a pour principal foyer Paris (1379-1382), jette encore
contre le pouvoir central les classes urbaines, lasses du des-
potisme fiscal et administratif de la royauté. Le mouve-
ment échoue ; les corporations sont frappées dans leurs
privilèges politiques, et parfois, comme à Amiens, chassées
des échevinages ; à Béziers, 40 ouvriers tisserands et cor-
donniers sont pendus. À Paris et à Rouen, on sévit contre
les métiers, Une troisième tentative, la révolution pari-
sienne de 1413, amène encore au pouvoir la démocratie
ouvrière, alliée un moment à la bourgeoisie et aboutit à un
nouvel essai de réforme administrative, l’ordonnance Cabo-
chienne, rendu infructueux par la guerre civile et par la ter-
reur, dont les chefs sont l’écorcheur Caboche et le bourreau
Capeluche (1413-1418). Le gouvernement central l'emporte
finalement, et la bourgeoisie communale assagie, le peuple
des artisans pacifié, lui abandonnent désormais la direction
de la politique urbaine, comme ils le font aux Pays-Bas,
lorsque les ducs de Bourgogne ont réprimé les dernières
rébellions particularistes de Bruges (1436-38), de Gand
(1431-1436-1448), de Liège et de Dinant (1408-1466-1468).
À cette époque, le moyen âge va finir, l’économie urbaine
s’efface définitivement, sauf en Allemagne, devant l’éco-
nomie nationale triomphante.
La croissance des villes et la floraison de la civilisation
arbaine. — Toutefois, en dépit des révolutions et des con-
lits intérieurs, telle était la puissance du mouvement d’ex-
pansion commerciale et industrielle, que la vie urbaine, loin
de fléchir, prit une nouvelle vigueur. En Orient, Byzance,
Salonique, Athènes, jettent un dernier éclat. La France,
quoique atteinte par les guerres anglaises, CONServe de
grands centres vivants, tels que Paris qui compta
300.000 âmes au xve siècle, Lyon, Bordeaux, Reims,
Rouen et Amiens. Au centre de l’Europe, Prague groupa
peut-être 100.000 âmes ; Londres parvint au chiffre de
35 000 habitants. En Espagne, où abondèrent les petites