RÉVOLUTIONS ET CLASSES URBAINES - 399
les-Quint. Mais ils ne sont qu’à l’état d’infime minorité. La
masse des gentilshommes, sauf dans quelques pays, tels
que l’Angleterre, néglige la culture de ses biens et les aliène
un à un pour payer ses dettes et suffire à ses dépenses.
C’est la bourgeoisie riche qui en hérite généralement et
qui travaille à se constituer une fortune foncière qu’elle
accroît par les accensements et les défrichements, aussi bien
que par les achats. Elle a de belles fermies bien garnies de
bétail, comme celle que possède à Gonesse le chancelier
d’Orgemont (1358). Elle rivalise même parfois avec la
haute noblesse. Jacques Cœur est possesseur de 25 sei-
gneuries. Le chancelier Nicolas Rolin est un des plus grands
propriétaires de la Bourgogne. Le trésorier de Philippe le
Bon, Bladelin, emploie une bonne part de ses capitaux à
dessécher des polders. À l'exemple des grands bourgeois,
les moyens etles petits, jusqu’à des artisans urbains, con-
voitent la terre et s’en approprient, de même que les com-
munes, de nombreuses parcelles. Un mercier de Londres
au xve siècle laisse ainsi plusieurs manors à ses enfants ;
un cuisinier, un forgeron, un teinturier d’York ont de
petits biens ruraux. Le fait est encore plus fréquent en
France, aux Pays-Bas, en Italie, en Rhénanie, où il n’est
pas de menu bourgeois, qui ne rêve d’un petit domaine et
d’une maison des champs-
L’accroissement du nombre des petits propriétaires pay-
sans et de la petite propriété rurale. — Parmi les classes
rurales, le nombre des petits propriétaires va aussi
s’accroissant, du moins en Occident, s’il diminue au
contraire dans l’Europe orientale et septentrionale, où
ils avaient été fort nombreux. Dans l’Europe occi-
dentale, s’organise un tiers état rural, parfois favo-
risé, comme dans l’Italie du centre et du Nord, par les
pouvoirs publics, qui lui réservent un droit de préemp-
tion pour l’achat des terres roturières. En France,
le paysan est si avide de la terre, qu’au xIive et au