402
pays de l’Europe centrale et orientale tombèrent même
dans la condition des vilains, voire des serfs de la période
antérieure.
LA FIN DU MOYEN AGE
L'accroissement du fermage, du métayage et du salariat
agricole en Occident. La naissance du prolétariat rural. —
Dans l’Europe occidentale, où pareille régression n’était
guère possible, en raison de l’état des mœurs et de la civi-
lisation, ce furent des classes nouvelles qui s’acerurent aux
dépens des tenanciers censitaires, les unes en pratiquant
l’entreprise et l’association agricole, les autres en deman-
dant au salariat leurs moyens d’existence.
L'entreprise libre de culture ou fermage devient une
spéculation, à laquelle se livre volontiers la bourgeoisie
riche qui loue l'exploitation à forfait des terres de
l’Église et de la noblesse et qui se rend adjudicataire
de fermes générales, c’est-à-dire de vastes domaines
appartenant à. des partieuliers ou à des collectivités.
Bientôt, la partie la plus entreprenante du tiers état
rural prend goût à ce système, et, à côté des fermiers
généraux, se multiplient les petits fermiers qui exploi-
tent des biens fonciers d’étendue plus restreinte. En, Italie,
aux Pays-Bas, en Allemagne rhénane, en Angleterre, en
France, où il se généralisa dans les provinces du bassin
parisien, en Normandie, en Champagne, en Picardie, en.
Orléanais, dans les pays de l’Est, le fermage fit de grands
progrès, sous ses deux formes, le bail à culture des terres
et le bail d’élevagedu bétail(à cheptel en France, socida en
Italie). Ces derniers baux furent conclus pour un an, ou
encore trois à cinq ans. Les premiers, consentis parfais à
vie, parfois pour une ou plusieurs générations, tendirent
à s’enfermer dans des limites de temps plus restreintes,
soixante-dix ans en Angleterre, trente à cinquante ans en
France, six à vingt-neuf ans en Italie. Tantôt, la rente
payée par le fermier fut fixe, tantôt elle varia avec le pro-
duit de l’exploitation, et le taux en fut plus ou moins élevé