406 LA FIN DU MOYEN AGE
d’autre race tombèrent dans le servage (leibeigenschaft).
Souvent il arriva qu’un Séjour sur une terre serve suffit pour
faire perdre la liberté. « L'air seul fait serf », disait un dic-
ton allemand. Le paysan asservi, spolié de ses vieux droits
d'usage et des communaux, en fut réduit, comme s’expri-
mait un proverbe de Brandebourg, à souhaiter longue vie
aux chevaux du juncker, Pour qu’il ne prit pas fantaisie à
celui-ci d’obliger ses tenanciers à lui servir de monture.
En Hongrie, en Transylvanie, en Pologne, en Danemark,
les populations rurales où dominaient auparavant les
horames libres furent réduites à la condition servile par des
aristocraties envahissantes. Dans la Serbie, la Roumanie,
la Bulgarie, et dans l’ancien empire d’Orient disparut de
même la liberté paysanne, et le cultivateur assimilé au
Pparoikos byzantin, devint le plus misérable des paysans
d’Burope, le futur raia turc. En Moscovie seulement, les
besoins de la colonisation valurent aux populations rurales
de conserver une condition analogue à celle du vilain et du
colon. Le servage russe a, été une institution moderne.
Mais en revanche, les Moscovites, les Lithuaniens, les
Polonais réduisirent en esclavage les prisonniers païens ou
musulmans, finnois, tartares et turcs. En même temps,
dans l’Europe méridionale, en Italie, en Espagne, jusque
dans les provinces françaises du littoral méditerranéen, le
commerce des esclaves refleurissait aux dépens des-infidèles
et fournissait aux propriétaires un contingent parfois
considérable de cultivateurs. Majorque en compta jusqu’à
20.000, et les statuts italiens montrent qu’en Sicile, en Tos-
cane, en Vénétie et en Istrie, la main-d’œuvre esclave sup-
pléa plus p’une fois à la pénurie de la main-d’œuvre libre,
Les révolutions agraires en Europe. Les jacqueries en
France, en Espagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en
Bohême, en Allemagne, en ‘Scandinavie. — Les crises de
tout ordre qui signalèrent la fin du moyen âge et .qui
y Pprovoquèrent, tantôt l’anarchie et la misère. tantôt