BYZANCE, LA RÉORGANISATION DU TRAVAIL 55
nombre, qu’elle est fixée au sol, sans être garantie contre
des mutations de domicile. Peu à peu, en dépit des inter-
dictions du Code rural (vrrre siècle), les colons eux-mêmes
furent privés du droit d’abandonner le domaine. Ils çe
rapprochèrent des inscrits et les deux catégories du colonat
se fondirent au IX° et au x° siècle en une seule classe, celle
des serfs de la glèbe. Le servage apparut alors avec ses
deux caractères : l’obligation pour le cultivateur de rési-
der sur la terre et de l'exploiter, l’interdiction pour le pro-
priétaire d’expulser le tenancier ou d’augmenter ses char-
ges. Il y eut encore en Orient à la fin du haut moyen âge, en
dehors des serfs, des colons assez voisins des vilains d’Ocei-
dent par leur condition. C’étaient les mortites (mortitai), qui
avaient conservé diverses prérogatives des hommes libres,
qui avaient le droit de quitter leur tenure, qui ne pouvaient
en être dépossédés après une jouissance de trente ans,
et qui ne payaient au propriétaire que le dixième de la
récolte. Mais ils formèrent une minorité infime en regard de
la masse immense des seris ou manants (paroïkoi), qui
comprit presque toute la population des campagnes.
Ceux-ci, astreints à des redevances invariables, à des
services déterminés, n’ont néanmoins aucune garantie
contre l’extension illégitime de leurs charges et contre les
mauvais traitements du propriétaire. Ils ont de plus l'obli-
gation de fournir des corvées pour là culture de la réserve
seigneuriale, pour les charrois et autres travaux.
En Orient, la transformation du travail agricole s’était ac-
complie suivant le même rythme, suivant les mêmes nécessi-
tés économiques et sociales qu’en Occident. Mais la dispari-
tion de la petite propriété libre fut moins rapide et moins
complète à l’est de l'Europe. L'établissement du servage
y fut compensée par la disparition de l’esclavage. Le ser-
vage lui-même y eut pour contre-partie l’admission du
droit d’usufruit perpétuel du cultivateur sur le sol et la
stabilité de la vie rurale. On à d’ailleurs peu de rensei-
onements sur la condition matérielle et morale des popu-