Full text: Le travail dans l'Europe chrétienne au moyen âge (Ve-XVe siècles)

ÉCONOMIE AGRAIRE DE L'OCCIDENT 89 
libres et de paysans pionniers (les hôtes) dont le rôle a été 
trop longtemps méconnu et a été mis récemment en 
lumière. Sous la protection des rois, des évêques, des grands 
propriétaires, souvent même de leur propre initiative, ces 
bhumbles travailleurs s’en vont à la recherche des terres 
désertes et incultes ou des parcelles forestières qu’on aban- 
donne à leur activité. Plus souvent encore, ils profitent 
du droit reconnu à tout pionnier de s’approprier, en les 
mettant en valeur (aprisio, bifang), les terres qui appar- 
tiennent aux communes rurales et aux collectivités. Ils 
tracent avec la hache dans les forêts des clairières (roden, 
essarts) ; ils débroussaillent la lande. Ils essaient de ferti- 
liser ces terres conquises en y accumulant les souches, 
les troncs, les ronces et les épines, en tas énormes, auxquels 
ils mettent le feu (procédé du brûlis). Ils extirpent avec 
la charrue ou la bêche, les nouveaux rejets ou racines. 
Ils coupent les marais par des chaussées, ils les égouttent 
au moyen de canaux d’assèchement. Ils entreprennent, 
parfois avec le concours de l’État, comme au temps de 
Charlemagne, d’endiguer les rivières, telles que la Loire. 
Des conquêtes partielles sont ainsi faites surtout en Italie, 
en Gaule, en Flandre, sur les eaux sauvages. Œuvre modeste 
encore, mais dont l'intensité est attestée par la multitude 
des noms de lieux, qui, en Occident, dès cette époque, ont 
conservé le souvenir de ces défrichements, de ces dessé- 
chements, de ces endiguements, par lesquels, rois, moines, 
grands et petits propriétaires, pionniers libres, demi- 
libres ou serfs, ont essayé, pour la première fois au moyen 
âge, d’arracher la bonne terre nourricière à la sauvagerie 
infééonde. 
Persistance des caractères de l’économie agraire primi- 
live, Les terres ‘incultes, les eaux, les forêts, la culture 
pastorale. — Les résultats restèrent, il est vzai, inférieurs à 
P’effort, et la production agricole fut loin de répondre par 
son développement à l’ardeur de là colonisation. Les inva-
	        
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