90 LE TRAVAIL PENDANT LE HAUT MOYEN AGE
sions du 1x° et du x° siècle contribuèrent pour,une part
aux médiocres effets de cette tentative. Mais la cause
principale de cette inefficacité relative doit être recher-
chée dans la prédominance du système de l’économie
naturelle elle-même, qui stimule alors insuffisamment l’acti-
vité, qui s’accommode de formes d’exploitation rudimen-
taires, et qui, par suite de l’étroitesse des marchés de
sonsommation, n’excite guère à la productivité.
Dans la société occidentale se maintiennent encore puis-
santes lestraditions del’économieagraire primitive, la cueil-
lette des produits que la terre fournit sanstravail, l’exploita-
tion traditionnelle des eaux et des forêts, les procédés
immuables de-la culture pastorale. Une bonne partie du
soi de l’Europe, en Irlande, en Basse-Écosse, dans l’Angle-
terre orientale, dans les Pays-bas et la Basse-Allemagne,
sur les côtes de Picardie, de Bas-Poitou, de Bas-Languedoc,
d’Espagne orientale, de Toscane et de Lombardie, est
couverte de marais. Sur les plateaux, nombreuses sont
les régions de tourbières. Le domaine des landes, des
déserts couverts de broussailles, d’ajoncs, de bruyères,
commons, velds, boschen, houien, loos, herines, gastimnes,
ronceraies, épinaies, comme on les appelle suivant les pays,
est encore immense. Il couvre une bonne part de l’Irlande
et du pays de Galles, de la Calédonie, le tiers de l’Angle-
terre (avec le marais), de vastes étendues des Pays-Bas,
de l’Allemagne du Nord et du Sud, une partie de la Suisse,
du Plateau central de France, de l’Armorique, de l’Aqui-
taine du Sud, de l’Italie centrale. Les chartes mentionnent
fréquemment ces terres incultes qui forment une partie
considérable des grands domaines.
Tousles peuples chrétiens d’Occident tirent de la pêcheflu-
viale et côtière d’importantes ressources. On sait se servir,
pour capturerle poisson, d’écluseset de barrages. On créemê-
me à l’époque carolingienne, dansles exploitations monasti-
ques et seigneuriales, des étangs et des viviers. Les rois et les
vrands séigneurs peuvent vendre le poisson de leurs villæ.