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C’est pour les raisons que nous venons d’exposer, comme pour
d’autres causes assez connues, que les nouvelles émissions de billets
et la circulation n’ont jamais atteint une proportion aussi élevée
que celle figurant dans les comptes du Trésor et des Banques pen-
dant le second semestre 1910 (1).
La circulation de l’Italie devrait, à notre avis, avoir atteint son
point culminant.
Sa diminution graduelle s'impose, quoi qu’on pense de l’action
exercée par la quantité de billets et d’autres instruments moné-
taires sur le cours des changes et sur le prix de toutes choses.
Elle s'impose pour de multiples raisons: financières, économiques
et politiques, qui sont trop connues pour qu’il soit besoin de les
répéter ici. De là, la convenance de réviser le régime de la circula-
tion, que les besoins urgents créés par la guerre au Trésor de
l’État ont troublé ces dernières années. Le succès remporté par
notre sixième emprunt national pourra contribuer à cette tâche,
si.le Gouvernement, comme nous en sommes sûrs, demeure
fidèle aux principes financiers et économiques qu’il a noblement
formulés.
Néanmoins, il ne nous paraît pas possible, pour le moment, de
compter sur un fléchissement décidé du nombre des billets en cir-
culation (2).
Mais tout effort ne sera pas proportionné à cette réorganisation
tant désirée, pour atteindre laquelle une action persévérante s'impose,
si l’ensemble de la vie italienne n’est pas animé et dirigé, par des
résolutions, profondément senties, de s’adonner à un travail plus
intense, et de pratiquer une plus grande sobriété dans la jouissance
et dans la dépense ; ainsi que par la volonté décidée de hâter le
(x) Il semble que l’annonce, donnée trop de temps à l’avance, du projet
de loi concernant l’impôt patrimonial, n’a pas été étrangère au mouvement qui a
affecté les remboursements des Bons du Trésor ordinaires, ce qui a aussi influé
sur l’augmentation de la circulation.
(2) On trouvera plus loin des données sur les résultats du sixième emprunt.
Après avoir consolidé une somme considérable de dette flottante et avoir ainsi
permis au Trésor de se trouver mieux à l’aise, cet emprunt a fourni des res-
sources considérables aux caisses de l’État pour faire face à des charges que, en
d’autres conditions, on aurait dû couvrir avec plusieurs milliards de nouveaux
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