CHAPITRE VI
Les fonds de chômage
pendant les
premiers mois de l’occupation Allemande
Toute l’organisation de la lutte contre le chômage reposait en
Belgique sur la subvention, par les pouvoirs publics, d’organisations
ouvrières vivant des cotisations de leurs membres.
On conçoit que le premier effet de l’occupation allemande ait été
la dislocation complète des Fonds de Chômage. Comment percevoir
des cotisations mensuelles d’ouvriers mis eux-mêmes pour la plupart
en chômage par la fermeture ou l’inactivité partielle des usines, le
manque de matières premières, ou des obstacles physiques, comme
les opérations militaires, les incendies, les fusillades de civils ?
Comment les communes auraient-elles pu continuer le versement
régulier de leurs subsides, quand toutes leurs ressources étaient
absorbées par les questions de ravitaillement ou la bienfaisance
publique ?
Il y eut toutefois, pendant quelques semaines, et même quelques
mois, une période de transition, où l’on prit dans un certain nombre
de communes, des mesures d’urgence, qui prolongèrent quelque peu
l’agonie des Fonds de Chômage.
Il y eut même une ville où l’on parvint, par des moyens de fortune,
à maintenir le fonctionnement presque normal de l’institution exis-
tante : c’est la ville de Gand. Le phénomène est unique et si intéressant
que nous y consacrerons tout un chapitre plus loin. Disons seulement
ici que, tout en réduisant les allocations, et en modifiant quelques
dispositions réglementaires, on employa toutes les réserves des caisses,
on se procura des ressources occasionnelles, et on parvint, grâce
à des sacrifices considérables de la Ville, à maintenir tout le cadre
du Fonds de Chômage et à distribuer des secours à tous les membres
pendant de longs mois. Nous verrons plus loin les relations qui s’éta-
blirent entre le Fonds de Gand et le Secours-Chômage du Comité
National.