L’ÉVOLUTION JAPONAISE DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉTRANGER 13
côté), d’un effet favorable. En conséquence, les dirigeants de la
vie économique aussi bien que le peuple conduit par eux ont tou-
jours observé à l’égard des influences étrangères une attitude exclu-
sivement optimiste et même radicalement optimiste.
On admet quie tout événement doit avoir une conséquence favo-
rable, du moment qu’il est d’origine étrangère. Le gouvernement
a donné le signal de cet oplimisme, les dirigeants du peuple l'ont
suivi, enfin tout le peuple, à peu d'exception près, s’est abandonné
en entier à cet optimisme. Par suite, il est très rare que les évé-
nements étrangers soulèvent une critique objective; tout est bien-
venu. Le fait que le Japon, dans les affaires internationales, n’ob-
serve jamais qu’une attitude passive et n’agit jamais activement, le
fait qu’il participe à toute affaire internationale, si insensée et si
injuste soit-elle, aussi longtemps que la majorité des pays étran-
gers la fait sienne, cette attitude découle de l’optimisme noté plus
haut, qui domine aussi bien les dirigeants de l’Etat que le peuple.
Il n’est pas contestable que pendant la seconde moitié du siècle
dernier l’attitude du Japon, en présence des événements mondiaux,
a été déterminée dans ses grandes lignes par cette tendance opti-
miste. Êt cette attitude est l'attitude générale du Japon à l’égard de
l’étranger; une xénophilie poussée presque à l’extrême qui distin-
gue de façon caractéristique les Japonais d’aujourd’hui aussi bien
des Japonais de l’ancien temps que des Chinois modernes, Celui qui
veut comprendre le Japon et les Japonais d’aujourd’hui ne doit ja-
maïs négliger cette caractéristique. Mais en même temps, on re
peut pas considérer cette caractéristique comme quelque chosë
d’éternel.
Comment se fait-il donc qu’un tel optimisme gouverne le Japo-
nais? La raison en saute aux yeux. L'ouverture du pays, qui avait
été imposée par le commodore américain Perry, a exercé sur la
vie économique du peuple une action extraordinairement favorable.
Même la grande révolution des prix — dont on ne trouve l’égal
qu’en Europe après la guerre mondiale, sous l’action de l'inflation
et nulle part ailleurs, — qui se produisit lors de l’ouverture du
pays, sembla, au jugement du peuple, avoir apporté une grande
prospérité, à l’inverse de ce qui se passe en Europe, où l’on endure
encore une lourde misère du fait de la hausse des prix.
Pendant les premières années du régime nouveau, il y eut natu-
rellement dans presque toutes les classes de la population, des mu-
difications importantes; ce sont surtout les anciennes classes des
Samouraïs qui en souffrirent. Mais, d’autre part, les éléments pro-
ductifs des classes de la population trouvèrent dans ces miodifica-