a JOURNAL DES ÉCONOMISTES
tions une occasion d’aller de l’avant. Les classes industrielles tra-
versèrent également des jours pénibles, jusqu’à ce que le nouveaw
régime eut établi l’ordre dans le pays. La consolidation du pouvoir
nouveau s’était définitivement affirmée avec une rapidité inespérée,
les doutes avaient promptement disparu en ce qui concernait sa
durée, et le peuple, pour sa part, s’en était immédiatement rendu
compte. Ce fait engendra le calme et la confiance. Dès la cinquième
(1872) et la sixième (1873) année du nouveau régime se manifesta
dans la vie économique une conjoncture de hausse; c’est elle qui
provoqua la première période de prospérité qui devait ouvrir la
voie à la série cyclique que nous allons maintenant examiner.
Les dernières décades du régime Shogunal furent, comme nous
l’avons noté, le temps de la gêne la plus extrême, non seulement
du point de vue politique, mais aussi du point de vue social ct
surtout économique. La situation était notamment des plus graves
dans le domaine monétaire et financier. L’altération de la mon-
naie — notez bien que le Shogunat ne s’était jamais servi du papier
monnaie, et, par conséquent, il n'y avait pas d'inflation — avait
encore aggravé la misère. Surtout dans les dernières années du
Shogunat, les exportations à l'étranger des métaux précieux, et par-
ticulièrement de l'or, furent très importantes. Le régime des
prix au Japon connut une misère inimaginable. C’est alors qu’eut
lieu la Restauration qui, sans aucun doute, entraîna maintes diffi-
cultés, mais qui, dans l’ensemble, représentait une délivrance pour
le peuple accablé par la plus extrême misère. Cette misère était
parvenue à un tel degré que n'importe quel événement, n'importe
quelle innovation, si maladroitement qu’elle fût introduite, ne pou-
vait être interprétée que comme un moyen de salut permettant d’en
sortir. En effet, une situation qui représentait le pire ne pouvait
encore empirer; un changement ne pouvait exercer une action
qua dans le sens d’une amélioration, tant la misère était profonde:
dans les dernières années de l’ancien régime.
La politique financière et économique des Tokugawa ne répon-
dait plus depuis longtemps à la réalité des faits. En particulier, la
parité du rapport entre l’or et l’argent (1 à 4) était profondément
différente de celle du reste du monde et ne pouvait être maintenue
que dans un Etat fermé au commerce extérieur. L’ouverture du
pays au trafic extérieur avait rendu d’un seul coup impossible le
maintien de cette parité et détruit brusquement le fondement du
Système monétaire japonais.
Une des tâches que le nouveau gouvernement eut à s'imposer fut
naturellement de remédier à cet état de choses. La stabilisation