20 JOURNAL DES ÉCONOMISTES
contre les clans Satsuma et Choshu, et attaquèrent violemment les
gouvernants, surtout à propos du budget, afin de ruiner leur crédit
et d’anéantir leur puissance. Les gouvernants, pour ne pas perdre
le pouvoir à cause des affaires budgétaires, prirent l'initiative de
réduire les dépenses au strict nécessaire, et de réformer les diverses
branches de l’administration !. D’où cette conséquence que l'Etat
disposa d’un gros excédent annuel de recettes. Ce furent ces excé-
dents qui permirent de conduire à une fin glorieuse, au double
point de vue militaire et financier, la guerre sino-japonaise de
1894-1895. La conjoncture favorable avait fait son apparition au
cours même ide la guerre.
C’est ca qui fait que chaque changement a été accueilli chaleu-
reusement par le peuple. Et le peuple n’a pas changé; de l’institution
du suffrage universel qui a été décidée pendant la précédente légis-
lature, il attend le remède à la longue stagnation économique dont
il souffre. Ce n’est pas ici le lieu de hasarder des pronostics sur la
façon dont les choses tourneront.
Les mêmes dispositions régnaient dans le peuple japonais, quand
Okuma-Kato déclarèrent la guerre à l’Allemagne. Le peuple accueil-
lit avec faveur cette décision parce qu’il s'imaginait que la guerre
avec l'Allemagne allait avoir sur l’activité économique les mêmes
effets bienfaisants que la guerre avec la Chine et avec la Russie.
Le culte de l’étranger, surtout, et l’optimisme qui s’y rattache
au point de vue économique décidèrent de l’attitude du peuple.
L’enrichissement du Japon, que nul n’avait pressenti, et qui résulta
de la guerre, a amené principalement de 191 à mars 1920 Une
conjoncture de hausse sans précédent, et une activité spéculative
sans exemple. Mais quand éclata un krach formidable, en mars
1920, et quand s’ouvrit la période de dépression qui n’a pas encore
pris fin, le peuple se trouva tout penaud. Malgré tout, l’optimisme
n’a pas disparu. Les deux idées erronées dont il a été parlé plus
haut n’ont presque rien perdu de leur force.
Les deux idées fausses sont accompagnées d’un cortège d'illu-
sions, qui se classent en deux séries. Les premières ont trait au rôle
de la monnaie. les secondes à la nature du commerce extérieur.
r. Que ce soit là le seul vrai moyen de l’assainissement financier, cela
n'est pas contestable Cependant, il m'a semblé que les hommes d’Etat
français, dans ces derniers temps, agissaient, comme s'ils avaient
tout à fait oublié cette vérité fondamentale, se bornant simplement à
changer les cabinets et les étiquettes des projets financiers sans aller au
fond des choses. Telle a été du moins mon impression pendant mon séjour
en France.