Full text: "La cyclicité" de la vie économique et de la politique économique éclairée par lʹexemple de lʹévolution japonaise de 1868 a 1925 dans ses rapports avec lʹétranger

L’ÉVOLUTION JAPONAISE DANS SES RAPPORTS AVEG L'ÉTRANGER 21 
Elles ont toutes une racine commune et découlent du mercanti- 
lisme japonais, qui a des aspects particuliers. 
L'idée fausse, qui prévaut au Japon, touchant le rôle de la mon- 
naie, est la suivante : en aucun cas, il ne saurait y avoir surabon- 
dance de monnaie. En ce qui concerne la nature du commerce 
extérieur, l’idée courante est que le commerce extérieur doit tou- 
jours être orienté vers l’exportation, parce que celle-ci provoque 
un afflux de métal précieux dans le pays. Autrement dit : on croit 
que le Japon est constamment exposé au péril d’une pénurie de 
monnaie et il n’existe aucun motif de se prémunir contre l’infla- 
tion. On aperçoit immédiatement le rôle du commerce extérieur, 
dans cette action destinée à écarter le péril d’une pénurie d'argent. 
Qu'au contraire, le rôle du commerce extérieur soit d'élever’ le 
standard de la vie de la population, et que l'importation soit l'élé- 
ment essentiel, peu de personnes en ont l’idée. 
Le lecteur rétorquera : ce sont là les principes généraux de la 
doctrine mercantiliste. Ce n’est pas une erreur propre au Japon, 
Jen demande pardon au lecteur. Dans la plupart des cas, les mer- 
cantilistes européens ont pu propager plus ou moins ces idées 
fausses, ils ne les ont presque jamais appliquées dans des condi- 
tions dignes d’attention, car ils ne le pouvaient pas. La vie réelle 
les en empéchait ! 
C’est le propre du Japon, qu’aucun obstacle ne s'opposait à la tra- 
duction dans les faits des deux idées fausses ci-dessus rappelées, et 
que rien n’empéchait ces idées de produire leurs fruits. On ne 
trouve jamais au Japon, en effet, l'opposition qui exisfait en Eu- 
rope, au temps du mercantilisme. Le Japon du dix-septième et du 
dix-huitième siècle, qui réalisait l’idéal final du mercantilisme, celui 
du marché absolument fermé, ne diffère pas, en effet, du Japon 
des dix-neuvième et vingtième siècles, qui appliqua aussi exacte- 
ent et aussi complètement que possible les deux idées erronées. 
Le lecteur comprendra maintenant pourquoi j'appelle cela un mer- 
cantilisme japonais spécifique. Et c’est là la cause essentielle qui 
permet de suivre avec une parfaite clarté, comme une expérience de 
laboratoire, le développement économique du Japon, depuis l’année 
1868. 
Mais d’où vient que les deux idées fausses dont nous parlons, 
impriment un mouvement cyclique à la vie et à la politique écono- 
mique du Japon? 
1. Il est à peine nécessaire de dire que je ne viens pas ouvrir ici une 
analyse du mercantilisme, comme l'avaient fait Schmoller et Buecher, et 
telle qu’Ashley l'a introduite en Angleterre.
	        
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