L’ÉVOLUTION JAPONAISE DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉTRANGER 23
ses promesses, Si l’abaissement des prix pouvait être l’effet de
mesures gouvernementales, on n’éviterait pas la stagnation ou la
dépression des affaires qui, à son tour, ne manquerait pas d’entrai-
ner le renversement du cabinet intéressé. Les gouvernements con-
naissent parfaitement cet enchaînement de cause à effet. Il serait
insensé d'attendre d’eux qu’ils envisagent d’un œil satisfait l’abais-
sement du niveau des prix. Par là même, on comprend quel sup-
plice de Tantale infligea au peuple japonais le gouvernement en
supprimant l'interdiction de sortie de l’or qui, présentement, fait
grand défaut au pays. Seuls des hommes d'Etat de l’envergure de
Matsukata pourraient se permettre pareille audace, d’autres de
moindre envergure, point *.
La conjoncture favorable, qui se traduit par un niveau élevé
des prix, est toujours précédée, au Japon, d’une augmentation de
la circulation de la monnaie. Qu’on discute, si l’on veut, la jus-
tesse de l’ancienne ou de la nouvelle théorie quantitative de la mon-
naie, il est acquis qu’au Japon l'indice des prix a varié, dans l’en-
semble, suivant l'accroissement ou la diminution de la quantité de
monnaie en circulation *.
D'un autre côté, l’augmentation de la circulation, en particulier
de la circulation des billets de banque, et l’élévation des prix qui
s'ensuit a pour effet, en règle générale, de ranimer l'importation,
et d'alourdir, au contraire, l’exportation. La conséquence, c’est la
sortie du métal précieux, laquelle pour autant que la loi régissant
l'émission est observée, appelle une diminution de la circulation
fiduciaire. Ces observations ne s'appliquent pas naturellement au
lemps présent, car la loi réglementant l'émission a été, au fond,
suspendue une première fois par l'interdiction d’exportation de
l’or, une seconde fois par la suppression de facto (non de jure) de
la convertibilité, une troisième depuis le mois de novembre 1924,
par l'élévation du prix de vente de l’or au-dessus du taux fixé par
la loi.
L’exportation des métaux précieux et la diminution correspon-
dante de la circulation des billets de banque réduit naturellement
la quantité de monnaie disponible; de là un abaissement du niveau
moyen des prix, qui fait disparaître la conjoncture favorable et
apparaître une stagnation ou une dépression.
Dans cette série causale réside, jusqu’à ce jour, le principal
1, Le cabinet actuel, avec M. Hamaguchi comme ministre des Finances,
offrirait peut-être une exception à cette généralité.
2. Voir ma réponse à l'ouvrage de M. Tijima, l’Économie du marché
monétaire de l’argent dans mes Controverses économiques.