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LES DÉPENSES DE GUEKRE DE LA FRANCE
comme leur contribution à la guerre, celle de la France ayant consisté
non seulement en dépenses, mais aussi en sacrifices de sang et en dévas-
tations. D’autre part, les alliés lui réclament une réduction de sa créance
contre l’Allemagne, afin d’assurer la restauration économique du monde.
Tout au plus parlait-on parfois de compenser les avances avec les répa-
rations. Le résultat de cette compensation — même si économiquement
elle est inévitable — serait brutalement celui-ci : la France qui, pendant
la guerre, a souffert plus que toute autre nation, pour une cause commune,
devra réparer toute seule tous les dommages causés par une guerre qui a
profité à tous. Contre cette solution qui lui semblait inique, le peuple
se révoltait, éprouvait quelque ressentiment vis-à-vis de ses anciens
alliés et beaucoup d’exaspération contre l’Allemagne et ses gouvernants.
X
Quoi qu’il en soit, un fait restait certain. Depuis l'armistice, ia dette
allemande des réparations envers la France n’avait pas diminué. Bien plus,
elle n’avait cessé de croître. Depuis 1918, des milliards de marks-or ont été
versés par l’Allemagne aux alliés, ils ont été absorbés, sans même arriver
à les couvrir, par les frais d’occupation du territoire allemand par les
armées alliées, et par les frais d’entretien des nombreuses commissions
de contrôle en Allemagne. «La part des versements allemands revenant
à la France, écrivait, en 1922, le rapporteur général de la commission
des Finances de la Chambre (1), a été entièrement absorbée par les frais
de l’occupation des territoires rhénans et par diverses autres dépenses
accessoires. Aucune somme n’a pu en être affectée au compte des répa-
rations et nous n’avons aucune indication sur les paiements à attendre
en 1923. »
Le même député ajoutait . « De cet historique très sommaire, 1l
résulte que les versements à attendre des réparations sont restés impré-
visibles jusqu’à l’état des paiements de Londres, et que les versements
prévus depuis l’état des paiements de Londres n’ont pas été eflectués.
Quelle sera l’évolution ultérieure du problème des réparations ? Il
serait téméraire d’essayer de le prévoir. Il est incontestable que certains
de nos alliés tendent à nous orienter vers une révision du forfait, qui nous
attribuerait des sommes nettement inférieures à celles qui auraient dû
nous revenir en vertu de l’état des paiements de Londres. »
La situation a été en s'aggravant.
À la fin de 1923, ia politique de force ne donnant d'autre résultat
qu’une révolte générale du monde contre le gouvernement français, ce
. 2"
(1) Rapport Boxanowsx1, 1922, n° 4.820, p. 26.