Full text: La politique coloniale de la France

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LES INITIATEURS ET LEURS AUXILIAIRES. RICHELIEU 
au Français d’être casanier, routinier, et d'ignorer la 
géographie il est facile de montrer combien cette réputation 
est injuste et quelle méconnaissance elle révèle de notre 
esprit national. Les Celtes et les Latins dont la fusion 
a, pour la plus grande part, créé Ja France moderne, ont 
de tout temps été séduits par l’attrait des milieux nou- 
veaux, des pays lointains et mal connus où l’on pouvait 
se faire sa place, s'établir, et prospérer. Comme eux, le 
Français est découvreur, propagandiste, et, plus naturelle- 
ment qu’on ne le croit, volontiers organisateur; on a dit 
qu’il avait le tempérament missionnaire. Mais, pas plus 
que la Galatie, la Galice, séparées de la Gaule aussitôt 
constituées, n’ont été pour les Celtes de véritables colonies, 
de même le mouvement grandiose des eroisades n’a pu 
longtemps réussir à prolonger une patrie lointaine. Il s’est 
vite isolé de la France dans de nouveaux royaumes de 
Palestine et de Syrie qui, réduits bientôt à leurs ressources 
propres, étaient destinés à s’affaiblir graduellement. A 
plus forte raison, au moyen âge, les randonnées des mar- 
chands de Dieppe et de Rouen jusque vers la côte d’Afrique, 
peut-être même encore plus loin, devaient-elles servir la 
gloire et les intérêts de nos premiers armateurs, sans tou- 
tefois que ces entreprises hardies et souvent fructueuses 
dussent accroître de façon durable la puissance de l’État 
français. 
Certes on ne saurait trop louer ces tentatives ancien- 
nes, mais il serait excessif d’y voir, même avec l’excuse 
de l’amour-propre régional le plus légitime, les premières 
manifestations de notre activité colonisatrice !. Il faut 
arriver au xvi° siècle pour rencontrer, avec une initiative 
gouvernementale, un véritable essai d’établissement poli- 
tique. Au lendémain de la découverte du Nouveau Monde, 
des navigateurs français, Jean Florin, Jean Parmentier, 
Jacques Cartier, s'efforcent de ne pas laisser aux Espa- 
gnols et aux Portugais, en dépit de la fameuse bulle 
1. Cf. Rapport du Conseil de direction du Comité de l'Industrie, du Com- 
merce et de l’Armement du Havre et de l’Estuaire de la Seine, Le Havre, 
19928,
	        
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