CHAPITRE XI!
INERTIE FORCÉE. INERTIE VOULUE
Tandis que les affaires algériennes se dispersaient entre
plusieurs ministères, la direction des Colonies se recons-
tituait au ministère de la Marine. Elle y reprenait l'allure
modeste qui avait été longtemps la sienne. Pour les repré-
sentants de l’administration coloniale, c’était la fin d’une
courte éclaircie, dans l’ombre, ou du moins la pénombre,
où, depuis la Révolution, les événements avaient tendu si
souvent à les ramener, alors qu’au xvn°'et au xvin® siècle
ls leur avaient été largement favorables, les mettant en
lumière, leur apportant honneurs et profits, parfois comme
on l’a vu, sans compter. Depuis, les successeurs, des
grands commis de l’ancien régime demandaient seulement
qu’on leur assurât dans l’État une place légitime. Ils
avaient pu croire un instant que l’heure en était venue. Elle
allait encore être retardée. Le 24 novembre 1860, le jour
même où l’on supprimait le ministère de l’Algérie et des
Colonies, Chasseloup-Laubat était nommé ministre de la
Marine; il remplaçait l’amiral Hamelin, dans une maison
qu’il avait lui-même occupée déjà. Le baron de Roujoux
était à nouveau chargé de la direction des Colonies, mais
il ne tardait pas à céder sa place à Zœpffel, cet ancien préfet
de Constantine, que le prince Napoléon avait choisi pour
être l’un de ses principaux collaborateurs.
La direction des Colonies retrouvait ses quatre bureaux,
dont les attributions toutefois n’étaient plus exactement