CHAPITRE XIII
LA RENAISSANCE COLONIALE DE LA FRANCE
Vers 1881, la France reprenait conscience de sa force.
L’Exposition universelle de 1878 avait montré qu’elle
s'était promptement reconstituée. Elle voulait reprendre
parmi les grandes puissances la place qu’elle occupait
avant 1870. Elle ne provoquait personne, préférant attendre
des années et de la justice internationale les légitimes
réparations. La responsabilité d’une nouvelle guerre en
Europe apparaissait comme effroyable, et personne, parmi
ceux-là même qui gardaient au cœur le désir le plus vif
d’une revanche, ne l’aurait assumée. Pas plus alors qu’au-
jourd’hui, la France n’avait, selon des mots dont on a si
souvent abusé, de « politique impérialiste ». Mais, pour
affirmer son existence, pour utiliser les réserves d’énergie
dont elle disposait, n’était-il pas inévitable qu’elle cherchât
hors d'Europe le champ nouveau de son activité? Partout,
même en Allemagne, on avait ainsi trouvé naturel, en
cette année 1881, une expédition française en Tunisie; au
surplus, nos intérêts en Algérie, ne nous permettaient pas
de tolérer, si près de nous, sous les tendances alors
hostiles de la Régence, un foyer de désordre et une menace
permanente d’agitation.
Mais, ni dans des opérations de ce genre, ni dans celles
qu’une politique plus active au Tonkin allait rendre néces-
saires, la direction des Colonies n’avait à s’entremettre
directement. Les services qualifiés du ministère de la