14 LES INITIATEURS ET LEURS AUXILIAIREF. RICHELIEU
terres, ou de se méler à des cabales politiques. L'Ordre et
midice de la Sainte Trinité, que très vite le cardinal eut
la pensée d’instituer, avec cette devise Sub hrs commercia
florent, allait s’ouvrir de la sorte aux membres de la
noblesse et du clergé, que tenteraient le négoce par mer
et les relations avec le nouveau mondet. Inversement, aux
bourgeois qui voulaient devenir gentilshommes on laisse-
rait espérer des facilités d’anoblissement?. Rien ne pouvait
mieux servir les desseins de Richelieu, que le sentiment
de l’unité nationale avait tellement pénétré, et qui révait
de rapprocher toutes les classes sous la tutelle d’un pou-
voir centralisateur, celui du roi.
Sans doute, la première tâche à remplir, c’était de déve-
lopper le négoce, et, en même temps, la richesse générale.
Le titre qu’avait reçu Richelieu, en’ prenant la’ surinfën-
dance de la navigation et du commerce, était à cet égard,
nous l'avons noté tout de suite, très significatif; les lettres
patentes qui définissaient dans son objet, en octobre 1626,
la charge dont il était investi n’étaient pas moins explicites.
Très vite également, on systématisa la formule qui parais-
sait, en marquant le caractère mercantile de l’entreprise,
la plus propre à ménager les droits souverains du royaume.
Entre le roi, au nom duquel on agira toujours, et les popu-
lations lointaines avec lesquelles il faudra trafiquer, on
interpose, comme une sorte d’écran, un système de com-
pagnies à charte, qui s’esquissent, se reforment et se modi-
fient sans cesse, depuis la compagnie du Ponant et du
Levant, qu’on ébauche à peine, et depuis celle des Cent-
Associés, jusqu’à celle de la Nouvelle-France et celle des
{sles d'Amérique.
On songe aux biens terrestres en engageant dans ces
compagnies le patrimoine de familles notables, à Paris et
dans les bonnes villes du royaume, mais on n’oublie pas le
salut des âmes; on veut travailler pour « l’advancement
de la religion catholique, apostolique et romaine? ». Est-ce,
1. Cf. Charles de La Roncière, op. cit, p. 485 et suivantes.
2. Ci. Louis Pauliat, op. cit, p. 62.
3. Préambule dela Charte de la Compagnie de la Nouvelle-France de 1628.