26 LES CONTINUATEURS. COLBERT ET LES PONTCHARTRAIN
affaires maritimes; la distinction ne se fera que plus tard.
Aussi ne faut-il pas être surpris d’y voir amonceler des
matières très diverses : commerce, consulats, marine mar-
chande, construction, contrôle des ports, approvisionne-
ments, troupes, qu’il s’agisse de décisions à prendre,
d'instructions à préparer, de dépenses à prévoir ou à
régler.
En réalité, cette première organisation n’est simple
qu’en apparence. Colbert eut vite constaté que les attri-
butions de son département ministériel étaient trop com-
plexes pour tenir dans le cadre étroit de trois comparti-
ments. Les galères conservèrent une direction spéciale :
il y avait de plus un secrétariat général de l’amirauté.
La distribution des affaires est, de plus, assez déconcer-
tante; le: commerce d’Espagne et des Indes, celui du
Sénégal et du Canada sont rattachés au bureau du Ponant.
tandis que celui du Levant s'occupe des îles d'Amérique.
Colbert est allé visiblement au plus pressé. De même, il
n’a près de lui qu’un personnel peu nombreux et ne com-
prenant que des civils, certains ayant servi sous les ordres
d'Hugues de Lionne, d’autres sous ceux de Michel Le
Tellier. Colbert sait qu’il y a tout avantage pour l’État à
laisser les gens en place, là du moins où ils sont utiles, et
il commence à faire prévaloir ce principe qui sera désormais
de mieux en mieux appliqué!.
Des collaborateurs certains de la première heure qui
furent auprès de Colbert, cependant, un seul peut être
cité?, tandis que leurs successeurs, au contraire, les prin-
cipaux du moins, sont aisément identifiés et suivis dans
leur carrière. Clairambault l’aîiné, qui fut ce fidèle agent
de Colbert, est lui-même d’autant mieux connu qu’il fut
1. Sur cette première organisation : Cf. G. Dagnaud, op. cit.; Didier-
Neuville, op. cit.; de Resbecq, op. cit.
2. Il s’agit ici des collaborateurs de Colbert qui s’occupèrent spéciale-
ment des colonies. Il est certain que Gomont, son secrétaire, et que l’his-
torien Baluze, son bibliothécaire, furent souvent employés par lui quand il
agissait comme ministre, soit pour les colonies, soit dans toute autre sphère
de ses attributions. Colbert de Terront, cousin du ministre, qui avait été
gouverneur de Brouage, prêta certainement aussi ses lumières à son illustre
parent.