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DEUXIÈME PARTIE.
est stérile pour une pareille œuvre, et nous admi
rerons l’habileté de M. Bunge s’il réussit à l’ac
complir. Ce sera l’homme de génie attendu par le
général Tchevkine, et l’empereur Alexandre li
devra se hâter de lui confier le portefeuille des
finances.
Dans la multitude d’écrits russes sur la question
soulevée par notre étude, c’est toujours le même
argument qui reparaît. Personne ne conteste
les chiffres, mais on s’attaque aux inductions, et
l’on prétend que nous n’avons pas tout dit. Le
Journal de Saint-Pétersbourg et M. de Thoerner in
sistent sur les nécessités qu’imposent à la circula
tion monétaire de la Russie l’étendue de l’empire,
l’absence des voies de communication et l’absence
plus complète encore du crédit; mais tout s’équi
libre, et ce triste reflet de la barbarie, qui jette
une ombre si épaisse sur la Russie, n’exerce-t-il
point aussi quelque influence sur la formation de
la richesse? L’amour-propre national se révolte
contre ces paroles : « La Kussie est pauvre. » Certes
ce ne sont pas des peintures comme celles du
Journal de Saint-Pétersbourg qui sont de nature à
inspirer une conviction contraire. On ne la ren
contrera pas non plus à l’aide des arguments évo-
([ués pour expliquer comment la Russie a besoin
d’une masse colossale de papier-monnaie pour ac
complir des transactions fort restreintes. Dans sa