CONCLUSION.
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A travers ces vicissitudes, la production du progrès a
réussi cependant à se débarrasser de la plupart de ses
entraves, et elle s’est prodigieusement, quoique inégale
ment accrue. Au petit atelier clandestin, dont les ouvriers
étaient proscrits et les produits prohibés, a succédé une
immense manufacture, qui travaille au grand jour, si elle
ne possède pas encore dans toutes ses parties l’ensemble
des conditions nécessaires à son développement régulier.
Cette manufacture se partage, au moment où nous
sommes, en deux ateliers bien distincts : l’atelier du pro
grès matériel et celui du progrès moral et politique.
Le premier de ces deux ateliers se divise à son tour en
deux compartiments séparés : les savants extraient et
préparent, dans run, les matériaux que les inventeurs
façonnent dans l’autre, en appliquant la science à l’indus
trie. Savants et inventeurs jouissent maintenant d’une
liberté entière : aucune partie du domaine de la science
ou de l’industrie ne leur est plus interdite, mais la liberté
seule ne suffit pas pour déterminer la pleine croissance
d’une branche quelconque de l’activité humaine, il faut
encore que les garanties de la propriété viennent s’y
joindre. Sous ce dernier rapport, la condition des savants
est inférieure à celle des inventeurs : on ne considère
point leurs découvertes comme appropriables, et ils n’en
peuvent tirer, directement du moins, aucun profit. Les
gouvernements s’appliquent à combler cette lacune, en
uiettant au service de la science des observatoires et des
laboratoires, en ¿iccordant des places aux savants et en les
ornant de décorations, mais il est permis de douter que
ces allocations et ces faveurs officielles remplacent suffi
samment la perspective d’un profit pour attirer les intel
ligences et les capitaux vers les recherches et les expé
rimentations de la science pure. L’industrie des inventeurs
fiai utilisent les découvertes des savants se trouve dans