Le commerce français à Madagascar au XVIT siècle.
Par
Henri Froidevaux, Docteur-ès-lettres (Versailles).
Quelque désir que puissent éprouver, aujourd’hui encore, certains
historiens de faire remonter jusqu’au moyen-âge les plus lointaines
origines de la colonisation française, il leur est impossible de
dire que les marins et les négociants normands ont, avant le
XVII e siècle, noué de véritables relations commerciales avec Ma
dagascar. Sans doute, dans le second quart du XVI e siècle,
des navigateurs normands ou angoumois ont touché sur certains
points du littoral de la grande île; mais ni le bâtiment dieppois
dont, dès l’année 1527, la présence est signalée par le continua
teur de Barros sur les côtes de Madagascar '), ni le navire sur
lequel se serait trouvé Jean Alphonse aux environs de 1540 2 ) ne
semblent y avoir fait le moindre trafic. Quant aux équipages du
Sacre et de la Pensée, ils n’engagèrent — le Discours de la Navi
gation de Jean et Raoul Parmentier en fournit la preuve 3 ), —
aucune relation commerciale avec les indigènes qu’ils rencontrèrent,
alors que, pour se rendre de Dieppe à Ticou, ils remontaient,
1) JoÀo I)K Bakrob, (¿uarta Década du Asia, 1. HT, ch. 2, et 1. IV, ch. 6
(éd. de Madrid, 1615, p. 136 et 296).
2) Si toutefois, — comme d’ailleurs nous inclinons fortement à le penser,
— le «gran capitano di mare Francese» de Ramusio est bien Jean-Alphonse.
— Que, d’autre part, Jean-Alphonse ait été à Madagascar, la chose est à
tout le moins vraisemblable, bien qu’il soit impossible de le démontrer soit
en s’appuyant sur le titre même du document publié par Ramusio (Navi-
gationi et Viaggi, t. III | éd. de Venise, 1565], fol. 423 r°), soit en se servant
du texte de la Cosmographie universelle et de celui des Voyages adventureux.
3) Discours de la Navigation de Jean et Raoul Parmentier, de Dieppe.
éd. SoHEFKR (Paris, Leroux, 1883, in-8), p. 31—41.
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