Full text: La question d'Orient depuis ses origines jusqu' à nos jours

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PRÉFACE PAR G. MONOD. 
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silencieux. Après tout, au point de vue égoïste de nos inté 
rêts immédiats, cette politique de statu quo est vraisembla 
blement celle qui nous est la moins désavantageuse, la seule 
qui ne risque pas de faire éclater par accident une guerre 
européenne dont personne ne pourrait prévoir l’étendue, la 
durée, ni l’issue. Le mot d’ordre de la politique de M.Hano- 
taux, intégrité de l’Empire Ottoman, quel que soit le dis 
crédit qui s’y attache après toutes les atteintes qu’il a 
reçues, était dicté par la prudence et l’intérêt national. 
Mais il ne faut pas oublier que ce mot d’ordre ne conser 
vera pas longtemps sa vertu, que la Turquie ne peut avoir 
pour l’alliance franco-russe les sentiments qu’elle a eus 
jadis pour l’alliance anglo-française ; que pendant que, 
courtier bénévole et mal récompensé, nous dépensons nos 
forces à concilier les intérêts, à apaiser les rivalités, à 
panser les plaies, d’autres poussent leur pointe : les Anglais 
avancent vers Khartoum, les Russes multiplient en Asie 
mineure les écoles et les couvents, les Allemands inondent 
l’empire ottoman de leurs produits, se font accorder des 
chemins de fer et des colonies agricoles, se flattent de faire 
de l’armée turque un corps détaché de l’armée allemande, 
et commencent à jouer à Jérusalem même le rôle de grande 
puissance catholique. Sans doute nous ne restons pas inac 
tifs, et grâce à nos diplomates, à nos missions, à notre 
Alliance Française, nous avons conservé jusqu’ici en Syrie 
une situation prépondérante. Mais nous avons besoin de 
faire d’immenses efforts pour ne pas laisser entamer cette 
situation, aussi bien par les Russes que par les Allemands 
et les Anglais. Dans cette rivalité pacifique, la seule qui 
comporte des calculs et une action méthodique au milieu de 
l’imbroglio oriental, nous ne devons compter sur l’aide de 
personne, mais seulement sur notre propre énergie, et sur 
l’antique prestige que conserve encore en Orient le nom de 
la France comme celui de la puissance chrétienne et civili 
satrice par excellence. 
G. Monod. 
i a 
1/ 
Versailles, 1898.
	        
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