CHAPITRE XII L’URBANISME ET LES VILLES LA TOUR HASSAN La Tour Hassan ignore l'ombre du chemin. La Tour Hassan est de soleil enveloppée Et rien ne la distrait que la morne échappée Du bled incanñdescent qui borne son destin. Un peuple tourmenté de portiques divins L’accompagne dans son histoire mutilée Et nul ne peut savoir la gloire annihilée Qu'elle emporte du fond des passés africains. Parfois pour illustrer son flane géométrique La lune peint d’émail sur la nuit métallique “ette tour attardée au seuil des flots errants. Qui, ciselée ainsi qu'une garde d'épée, Prolonge d’un défi de meurtre et d'épopée La barbare splendeur des pachas conquéranis Rabat, sentembre 1917. "RQ Fès, ville de massacre et de chemins mouillés, De lune fraîche et d’eau courante, Avec tes portes aux regards écarquillés Que ferme l’invisible main d’une ombre errante… Au seuil de la mosquée interdite au rourmni, Dans l'ombre en échiquier que des haillons fleurissent Immobile oraison du Berbère accroupi… Au passage de l'étranger, mains qui frémissent… Frôlement de burnous soyeux et de pieds nus Trottinements de mules plates.… Et, tout à coup, sur les terrasses écarlates Les longs huhulements des harems éperdus..… Le palais dort sous ses mosaïques éteintes… Le silence du bled pénètre avec la nuit… Malaise d'Occident devant tes grâces feintes… La rue en ricochet et ie bursous qui fuit. Fès, novembre 1917. ; Pierre AUDTRERT. On s'est rendu compte que, dans les pages précédentes, nous nous sommes protégé contre toute tentation de céder à l'attrait du pittoresque. Dans cette attitude sévère, mais nécessaire, NOUS voulons nous maintenir au moment où, abordant le chapitre des villes marocaines, il nous serait si agréable de faire place, peu ou prou, à cette poésie locale, à cette couleur, à ce charme si vif, qui rayonnent, au Maroc, tout autant des décors citadins que des sites si variés. du bled, de la plaine, de la montagne et du désert. Ou’on ne s’attende donc pas à trouver ici ce qui, au reste, a été si fortement.