CHAPITRE LI LA MALADIE ET LE MÉDECIN Il n’est pas de fait plus solidement établi que le rôle du médecin :omme agent de pénétration, d'attirance eb de pacification. iLyaurEY (1). On voudra bien accepter que l’auteur de cet ouvrage attache, professionnel- lement, une importance toute spéciale à ce chapitre. Le Grand Législateur de l'Islam a inscrit, dans le Koran, de fréquents rappels à l’hygiène et il est possible que le musulman du Maroc se croit tout à fait en règle avec les préceptes de la science de la santé, à n’observer que les instructions que lui prodigue son « Livre ». Néanmoins, nous pouvons être, à cel égard, plus exigeants que lui, et parmi les avantages que nous avons su apporter aux popu- lations marocaines, nous ne manquâmes jamais, dans leur intérêt comme dans le nôtre. de faire la place la plus grande aux acquisitions de la science médicale, A ; {1) Extraits de La Médecine au service de la Colonisation {allocution prononcée à la séance inaugurale es Journées médicales de Bruxelles, le 26 juin 1926, par M. le Maréchal Lyautey). À Le médecin? Je n'ai pas eu de collaborateur plus efficace, pour la conception que je m'étais faite de v Inission des nations européonnes à l'égard des populations, que la prodigieuse expansion coloniale réalisés *epuis moins d'un siècle, a mise à leur charge et sous leur responsabilité. : « … Les indigènes sont vite conquis par la bienveillance d'accueil, le zèle actif et surtout la patienes U médecin qui se donne corps et âme à l’œuvre d'assistance médicale. Les médecins coloniaux sont ie plus souvent les agents les plus actifs et les plus efficaces de l'influence européenne. à « … Ayant, à Madagascar, à pénétrer en pays Sakalave, chez des populations absolument rebelles notre cecupation, et que décimait la variole, j'ai acquis la conviction que si j'avais à ma disposition une a purts de médecins munis de bons vaccins, je pourrais réduire au minimum l'opération militaire et j'ai égraphié au général Gailiéni : « Si vous pouvez m'envoyer quatre médecins de plus, je vous renvoie lUatre compagnies. » a Ni « .… Pour que le rôle du médecin ait toute son efficacité, ll faut lui laisser une large initiative, toute iberté d'action et une stabilité assurée dans sa région. îei «+ Je lisais naguère, dans le beau livre consacré par un de vos compatriotes aux problèmes de la 7 Onisation africaine, cette parole du philosophe hindou Tagore visitant l’Europe et disant : « Je vous ‘ ” Supplie, ne nous envoyez pas des formules administratives et des machines avec les instruments qui Fait Tapportent. Envoyez-nous des âmes. * Tout est là. Des âmes généreuses, aimantes et convaincues. au éste qu'il n’y a pas de profession où j'en ai rencontré de telles, plus que chez le médecin. Voyez-le, Scultant lo malade qu'on lui amène, la Lête appuyée sur son cœur. S’il est celui que j'ai si souvent port avant l’âme de la profession, c’est bien sur Je cœur de son malade qu'il se penche, pas seulement lootasr écouter les pulsations, mais pour le comprendre et gagner sa confiance. En ai-je connu, tel ce x our Cristiani, que la population de Fès, à son retour du front, accueillit comme elle n accueillit jarnais mp u et tant d'autres dont les noms me viennent aux lèvres, se donnant tout entiers, faisant le in rise total de leur temps el de leur bien-être, considérant l'action du mnblecin CORIUé Une BUEHSE 5