PROBLÈME MONÉTAIRE ET PROBLÈME DES PRIX 31 duction, une crise économique contribuant ainsi à aggraver la crise monétaire? . Nous négligerons pour l'instant ces questions, et ne retien- drons que l’essentiel : les prix s’exprimant forcément en mon- Naie, la crise est d’abord sentie comme une crise monétaire: . Cette idée était d’autant plus naturelle que dans tous les Etats on assistait depuis la. fin du Moyen Âge à un processus Andlogue de dégradation à peu près constante de la valeur de la monnaie. Ce processus, remarquons-le, était double. D'abord, là quantité de métal fin contenue dans les espèces réelles dé- croissait, la dénomination.de ces espèces restant souvent la même, L'Etat, en se livrant à des opérations que nous qualifie- lions de faux monnayage, y trouvait un bénéfice momentané, Puisqu’il se libérait en monnaie faible de dettes contractées en forte monnaie. On aura une idée de l'importance de ces dé- Préciations en constatant que les vieux nobles à la rose ou les Angelots d'Angleterre étaient au titre de 989 ou 990 millièmes, landis qu'avec les écus à la rose il s’abaisse à 917, que les ducats portugais ont passé de 951 à 908, que nos écus de France, considérés comme ayant 958 millièmes de fin, oscil- laient, autour de 1540, entre 938 et 948 seulement. Les vieux ducats espagnols étaient à 989, les nouveaux à 958, la pistole à 907 seulement. Mais à la dépréciation des espèces réelles d’or et d'argent — Qu’avait pu expliquer, à la fin du xv° et au début du Xvi° siècle, l’insuffisance du stock métallique — s’ajoutait une lépréciation bien plus grave : celle de l’unité de compte elle- Même. De même qu’à certains moments nous avons vu des Juantités croissantes de marks-papier correspondre au même 90ld-mark ou au même dollar, de même une masse d'argent théoriquement invariable, le marc équivalant à 245 grammes, fOrrespondait à des quantités croissantes de l'unité de Compte. En France, tandis que l’on taillait au marc 11 livres 13 sols tournois au début du siècle, on en tire 13 1. 12 au mi- lieu du règne de François I”, 16 1. sous Henri II, 17 1. 10 s. Sous Charles IX, 18 1. 17 sous Henri III, 21 L à la fin du siècle. C'est-à-dire, en langage moderne, que le poids ‘d'argent cor- lEspondant à une livre tournois de compte, de 21 gr. en 1511, 8BSt descendu à 11 gr. 50 en 1601. I n’est donc pas. surprenant que les théoriciens aient