APPENDICE Le sel dans l’histoire. Parmi les problèmes qui préoccupent les conférences écono- miques, à Genève ou ailleurs, l'un des plus graves, je dirat presque l’un des plus angoissants, est celui de l’équitable ré- partition des matières premières. Posé dès le 6 mars 1919 par Ja délégation française à la Commission économique de la Conférence de la Paix, il a fait l’objet à Bruxelles, en octobre 1920, d'une intervention retentissante de l’ancien ministre italien M. Tittoni ; le fond en a été exposé avec un admirable souci du détail, dans le rapport présenté par M. Gini à la So- ciété des Nations en septembre 1921. On ne peut pas dire que la récente Conférence économique eh ait apporté la solution. Ce problème ne date pas d'hier. L’un de nos plus vieux économistes, Jean Bodin, disait en 1568 : « Dieu a tellement départi ses grâces, qu’il n’y à pays au monde si plantureux qui n'ait faute de beaucoup de choses. Ce que Dieu semble avoir fait pour entretenir tous les sujets de sa république en amitié. » En Jh75, Jacques Savary Tepre- nait la même thèse dans son Parfait Négociant : « De la ma- nière que la Providence de Dieu a disposé les choses sur la terre, l’on voit bien qu’il a voulu établir l’union et la cha- rité entre tous les hommes, puisqu'il a imposé une espèce de nécessité d’avoir toujours besoin les uns des autres. T1 n’a pas voulu que tout ce qui est nécessaire à la vie se trouvât en un même lieu ; il a dispersé ses dons, afin que les hommes eussent commerce ensemble. »