L'INDUSTRIE ET LE COMMERCE EN OCCIDENT 133 produisent les toiles, notamment à Metz, à Trèves et à Reims. Ce sont principalement les industries de luxe qui émergent au-dessus des autres variétés de l’activité industrielle. Leurs ouvriers travaillent pour une clientèle restreinte, mais qui monopolise la richesse, celle des princes, des grands seigneurs, des prélats et des monastères. C’est pour elle que s’organisent, surtout dans les abbayes, parfois dans les villes, des ateliers d’architectes ou maçons, de sculpteurs, de mosaïstes, de peintres, de verriers, d’or- fèvres, d’émailleurs qui construisent ou qui décorent les églises, les palais et les villæ seigneuriales. Le luxe, d’abord grossier et à demi barbare, à l’époque mérovingienne, s’affine sous l’influence byzantine à l’époque carolin- gienne, surtout en Gaule et en Italie. Les architectes édifient des monuments, inspirés de ceux de Byzance, d’où se dégagera l’art roman. Des artistes italiens et yallo-romains vont en Allemagne et en Angleterre appor- ter la tradition des constructions en pierre, au’on appelle pour ce motif dans ces pays « l’œuvre italienne » (opus ita- lieum). Des sculpteurs renoavellent l’art ornemental dégé- néré, décorent les baptistères et les sarcophages. Pour orner les palais, les monastères et les églises, se multiplient les mosaïstes et les peintres de fresques. Des verriers italiens et gallo-romains propagent leur art de cloître en dloitre. Dans les villes subsistent quelques ateliers de céramistes. Le plus prospère des arts industriels de l’Oecci- dent est celui de l’orfèvrerie et de l’émaillerie qui fournit les églises de châsses et de reliquaires, les particuliers de vaisselle d’or et d'argent ou de bijoux. Cet art fleurit à la fois en Irlande, en Angleterre, en Gaule, en Espagne, en Italie. Il s’exerce dans les ateliers urbains et doma- niaux, mais surtout dans les ateliers de monastères, notamment dans ceux de Solignac en Limousin et de Saint-Denis près de Paris, ce dernier fondé par le célèbre Elisius (saint Éloi), On v travaille non seulement les