CHAPITRE IV LES VICISSITUDES DE LA COLONISATION ET DE LA PRO- DUCTION AGRICOLES ; LES CHANGEMENTS DANS LA RÉPARTITION DE LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET DANS LA CONDITION DES CLASSES RURALES, A LA FIN DU MOYEN AGE : LES JACQUERIES. Les progrès de la colonisation et de la production agricoles. — Dans le domaine du travail agricole la fin du moyen âge est une période de contrastes marqués. Tandis que certaines régions se dépeuplent et s’appauvrissent, comme celles de l’ancien empire d’Orient, comme la Bohême et la Hongrie, ou ne peuvent sortir de la pauvreté, comme la Suède, l'Irlande ou l’Ecosse ; tandis que la France, le pays le plus prospère de l’Occident, devient «un monceau de ruines », suivant l'expression de Pétrarque en 1360, ne pré- sente plus en 1440 de la Loire à la Somme, d’après l’évêque Thomas Basin, que « champs en friche, couverts de ronces et de buissons » et laisse sans culture un tiers de son terri- toire, d’autres zones plus favorisées poursuivent la mise en valeur de leur sol. En Italie, le Pô est endigué depuis son confluent avec l’Oglio ; nombre de marais (polesine, cor- regie) sont convertis en. polders dans la Lombardie et la Toscane ; les canaux d'irrigation ou les rigoles dérivées du Naviglio grande et du Naviglio interno, outre ceux de Mar- tesana, du Panarello, du Chiaro, fertilisent les campagnes lombardes et modenaises. Un travail analogue se poursuit en Espagne orientale. Aux Pays-Bas. se continue l’œuvre de défense contre