410 qui eut à la fois le caractère d’un mouvement religieux et d’un mouvement social. Sous le couvert de la réforme reli- gieuse préconisée par Jean Huss et d’une réaction nationale contre leur aristocratie allemande, les paysans tchèques, coalisés avec la petite noblesse et conduits par deux illustres hommes de guerre, Zizka et Prokope le Grand, dominèrent pendant vingt ans en Europe centrale (1418-1487). Ils créèrent une démocratie puritaine qui pro- clama l’égalité de tons les hommes, la libération des cam- pagnes du joug féodal et la sécularisation des biens du clergé. Mais cette démocratie se perdit en subissant l’in- fluence du radicalisme extrémiste de la secte des Tabo- rites, qui décréta le nivellement social absolu, l’abolition de toutes les distinctions nées de la fortune, de la naissance, de l’intelligence, l’émancipation totale des femmes, la sup- pression de la propriété, du mariage et de la famille, breï le communisme intégral. La révolution hussite, abandonnée par la bourgeoisieet la petitenoblesseindigènes, quil’avaient d’abord soutenue, fut alors écrasée à la bataille de Lipany, laissant le champ libre à la réaction féodale et au servage. Elle avait provoqué au cœur de l’Europe une immense effervescence, jusque dans la France de l’Est, et surtout en Allemagne, où les paysans se soulevèrent sans succès, en Saxe, en Silésie, en Brandebourg, dans les pays rhé- nans (1432), dans la Carinthie et la Styrie et jusqu’en Transylvanie (1437). Enfin, dans les pays scandinaves, si les libres paysans de Suède, unis à la noblesse locale et dirigés par Engelbrechtson, réussirent par la révolte à empêcher l’établissement du servage (1437-40) et s’empa- rèrent même du pouvoir, en Danemark trois grandes jac- queries de 1340 à 1441 n’aboutirent qu’à faire appesantir davantage le joug de l’aristocratie allemande sur le paysan danois réduit an vilainage, puis au servare le plus dur. LA FIN DU MOYEN AGE ‘ Diversité de la condition matérielle des classes rurales à la fin du moyen âge. — Dans la plus grande partie de